L'évêque de Bâle à propos des abus Il admet des erreurs: «J'ai changé de perspective avec le temps»

falu, ats

24.9.2023 - 07:36

Le président de la Conférence des évêques suisses (CES), Felix Gmür, reconnaît des erreurs dans l'enquête sur les abus sexuels au sein de l'Eglise catholique. «La perspective des victimes n'a pas été suffisamment prise en compte. J'en suis vraiment désolé».

L'évêque de Bâle Felix Gmür admet avoir accordé au début de son mandat épiscopal plus d'importance à l'exécution juridiquement correcte des cas d'abus sexuels (archives).
L'évêque de Bâle Felix Gmür admet avoir accordé au début de son mandat épiscopal plus d'importance à l'exécution juridiquement correcte des cas d'abus sexuels (archives).
KEYSTONE/ANTHONY ANEX

24.9.2023 - 07:36

L'évêque de Bâle admet avoir accordé au début de son mandat épiscopal plus d'importance à l'exécution juridiquement correcte des cas d'abus. «J'ai changé de perspective avec le temps», assure-t-il dans un entretien diffusé dimanche par la NZZ am Sonntag.

Mgr Gmür dit être favorable à un accompagnement externe de l'enquête de l'Eglise sur les cas d'abus sexuels, comme l'a demandé la Conférence centrale catholique romaine de Suisse. L'évêque de Coire Joseph Bonnemain, chargé d'une enquête sur des dissimulations de cas d'abus au sein de l'Eglise, «a dit qu'il serait heureux de recevoir un tel soutien. Et je trouve cela aussi super».

Une nouvelle morale sexuelle

Pour l'évêque de Bâle, le pouvoir au sein de l'Eglise doit être mieux réparti. «Je vais m'engager à Rome pour que l'Eglise se décentralise». Il faut une nouvelle morale sexuelle et la possibilité de prendre des dispositions au niveau régional, relève-t-il.

La CES a décidé de mettre en place un tribunal ecclésial pénal et disciplinaire, chargé de s'occuper des sanctions en cas de violation de la loi sur l'Eglise. Mais cela doit encore être discuté avec le pape, car un tel tribunal n'est pas prévu dans le droit canonique, indique Mgr Gmür. Les procédures de droit canonique sont toutefois subordonnées au droit étatique, poursuit-il. «Elles ne remplacent donc pas les procédures pénales séculières».

L'analyse porte également sur la remise en question de la situation actuelle, déclare l'évêque. «Le célibat signifie: 'Je suis disponible pour Dieu'. Mais je pense que ce voeu n'est plus compris par la société d'aujourd'hui [...] Le temps est venu d'abolir l'obligation du célibat. Je n'ai absolument aucun problème à imaginer des prêtres mariés».

Femmes prêtres

L'exclusion des femmes de l'ordination sacerdotale devrait également tomber, ajoute-t-il. «La subordination des femmes dans l'Eglise catholique est pour moi incompréhensible. Des changements sont nécessaires». L'Eglise n'est en outre «pas encore là où nous devrions être» en ce qui concerne l'interdiction du concubinage pour les employés, ajoute-t-il.

Dans une étude-pilote publiée le 12 septembre, des chercheuses de l'université de Zurich ont recensé au moins 1002 cas d'abus sexuels commis par des membres du clergé et des religieux catholiques depuis 1950. Selon elles, il ne s'agit que de la pointe de l'iceberg, car la plupart des cas n'ont pas été signalés et les documents détruits.

Les abus ont été commis par 510 personnes sur 921 victimes. Près de 56% des victimes étaient des hommes. Tous les auteurs étaient, à quelques exceptions près, des hommes. Dans 74% des cas, les victimes étaient mineures.

L'enquête documente des actes allant du franchissement problématique des limites aux abus systématiques les plus graves, impliquant le viol et ayant duré des années.

falu, ats