Genève Accusé d'avoir poignardé à mort sa compagne, il conteste

tb, ats

21.2.2022 - 19:26

A Genève, le procès d'un homme accusé d'avoir tué sa compagne d'un coup de couteau en décembre 2019 s'est ouvert lundi devant le Tribunal criminel. Le prévenu conteste les faits et affirme que sa copine s'est suicidée.

Le procès s'est ouvert lundi devant le Tribunal criminel. (archives)
Le procès s'est ouvert lundi devant le Tribunal criminel. (archives)
KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Keystone-SDA, tb, ats

«Je n'ai rien à voir là-dedans», a déclaré devant le Tribunal criminel l'homme, qui vient d'avoir 25 ans. Sa compagne avait 21 ans quand elle est morte, le thorax perforé par un couteau de cuisine, dans l'appartement du couple situé à Chêne-Bourg (GE). C'était dans la nuit du 17 au 18 décembre 2019.

Selon l'acte d'accusation, le prévenu, qui avait réalisé que sa compagne s'éloignait de lui et se rapprochait d'un de ses amis, l'a tuée d'un coup de couteau. Le Ministère public retient la circonstance aggravante de l'assassinat.

La version de l'accusé est tout autre. Il a expliqué lundi devant le Tribunal que sa compagne s'était elle-même planté le couteau dans le coeur. «Tout a été très vite», a-t-il répété sans répondre précisément aux questions de la présidente.

Choqué et dévasté

Ce soir-là, l'homme avait des idées noires, a-t-il affirmé. Selon ses déclarations, sa copine lui aurait dit à leur retour d'une soirée tendue chez des amis: «Ne fais pas de bêtise, sinon c'est moi qui vais en faire une». Elle aurait alors pris un couteau posé à côté du lit et l'aurait enfoncé dans sa poitrine.

Mais elle n'a pas parlé de suicide lors des derniers messages envoyés à son nouvel amoureux, alors pourquoi passer à l'acte, lui demande la présidente. Elle relève aussi que l'intention de la victime de quitter son compagnon le lendemain était claire. «Je ne sais pas, je ne suis pas dans sa tête», a répondu le prévenu.

Il a lui-même enlevé le couteau de la plaie «sans réfléchir» et affirme avoir mis un coussin sur la blessure pour faire un garrot. Il l'a ensuite embrassée. «Pourquoi ne pas avoir appelé immédiatement les secours?» lui a demandé la présidente. «J'ai mal réagi, j'étais alors choqué et dévasté», a expliqué l'homme.

Après être sorti de l'appartement, il a appelé sa soeur. Il a finalement alerté le 144 près d'un quart d'heure plus tard en retournant à son domicile où il a pratiqué un massage cardiaque sous la direction de l'opérateur du 144. Mais c'était trop tard.

Jaloux et possessif

La présidente a aussi confronté l'homme à de nombreux messages envoyés par la victime à ses proches avant la soirée de décembre 2019. Ces messages évoquent plusieurs épisodes de violences. «C'est faux», a répété l'homme, qui affirme ne l'avoir jamais touchée, ni menacée.

La famille et les amis de la victime ont aussi décrit le prévenu comme étant jaloux, possessif et contrôlant, a relevé la présidente du tribunal. «Je ne comprends pas. Je l'ai toujours laissée faire ce qu'elle voulait», a répondu l'homme, qui est issu d'une grande famille aimante et qui a une formation d'agent d'exploitation.

Des disputes

Les deux jeunes gens s'étaient rencontrés en été 2015 dans le sud de la France où habitait alors la victime. Lui avait 17 ans et elle 16. Ils se voyaient les week-ends et pendant les vacances. Elle a fini par s'installer en septembre 2019 à Genève dans l'appartement de son compagnon, qui était alors au chômage. La relation était émaillée de disputes.

Ainsi, en novembre 2019, la jeune fille était partie en week-end en Bourgogne avec deux amis, sans son compagnon. Ce dernier a laissé un message vocal menaçant envers sa compagne sur le téléphone d'un ami. Après avoir entendu ce message diffusé dans la salle d'audience, il a admis: «c'est vrai, je me suis fâché, c'est parce qu'on devait partir à quatre». Le procès se poursuit.