Justice - GE Accusé d'assassinat, il conteste

ATS

18.9.2018 - 18:19

Le procès d'un homme accusé d'avoir assassiné un compatriote aux Philippines en octobre 2014 s'est ouvert lundi devant le Tribunal criminel de Genève.
Le procès d'un homme accusé d'avoir assassiné un compatriote aux Philippines en octobre 2014 s'est ouvert lundi devant le Tribunal criminel de Genève.
Source: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Le procès d'un Genevois accusé d'avoir assassiné aux Philippines en octobre 2014 un compatriote avec qui il voulait monter un bar s'est ouvert mardi à Genève. Le prévenu qui conteste les faits met en cause son ex-compagne philippine.

"C'est elle qui a tout manigancé depuis le début. Elle m'a ensuite fait chanter", a déclaré le jeune homme de 23 ans au premier jour de son procès devant le Tribunal criminel. Il s'était d'abord accusé, car il ne voulait pas que la mère de sa fille aille en prison. Son avocat, Me Philippe Currat, plaidera l'acquittement.

Selon le prévenu, il n'avait aucune raison de faire tuer ce compatriote, qui représentait sa dernière chance pour réaliser son projet et rester aux Philippines. Il s'était installé en 2013 sur l'île de Siargao pour ouvrir un bar et s'est associé à la victime, qui était une de ses connaissances à Genève.

Guet-apens

Selon l'acte d'accusation, le prévenu a engagé un tueur à gages pour éliminer son associé et garder l'argent qu'il lui avait fait verser sur son compte. Il l'aurait attiré sur une autre île, l'île de Mindanao, sous prétexte d'acheter du matériel pour l'établissement. Lui faisant croire qu'ils allaient manger, le prévenu l'aurait ensuite conduit dans un guet-apens.

Un ou deux individus s'en seraient pris au Genevois, qui a été tué d'un coup de couteau dans le coeur. Son corps a été retrouvé le long d'une route isolée bordée de terrains agricoles. Selon le Ministère public, le prévenu a "minutieusement planifié et exécuté son plan froidement et sans hésitation". Il retient la coactivité et la circonstance aggravante de l'assassinat.

Une arme

La version de cette nuit du 6 au 7 octobre 2014 livrée mardi par le prévenu diffère: les deux hommes s'étaient rendus sur Mindanao pour y acheter du matériel pour le bar, mais son partenaire commercial avait aussi pris rendez-vous pour acheter une arme.

C'est lors de cette transaction que les choses auraient mal tourné. "On s'est fait attaquer par deux Philippins à moto et chacun est parti de son côté", a-t-il expliqué.

De nombreux messages ont été saisis sur des téléphones portables qu'utilisaient le prévenu et son ex-compagne. Bombardé de questions sur le contenu de ces messages qui le mettaient en cause, le jeune homme s'est parfois perdu dans ses contradictions. Il a souvent refusé de répondre ou a déclaré ne plus se souvenir.

Des mensonges

Le parcours du prévenu a été détaillé mardi devant les juges. A la suite de la séparation de ses parents, il a grandi entre Genève et la France. Il a fréquenté un internat et une classe passerelle. Il a ensuite occupé différents postes notamment dans l'hôtellerie et la restauration.

Aux Philippines, il a travaillé dans l'hôtellerie et a créé une entreprise de réparation d'ordinateurs. Sa famille l'a aidé financièrement. Il a reconnu avoir souvent menti pour obtenir de l'argent de ses proches.

En juillet 2014, sa compagne a donné naissance à une fille. "Ce n'était pas prévu", a-t-il relevé, en accusant la mère de sa fille d'avoir agi pour "être entretenue". Il n'a plus de nouvelle de sa fille et de son ex-compagne depuis fin 2016.

Rentré en Suisse peu après les faits, le prévenu avait immédiatement été entendu par la police, mais avait été laissé libre. Il avait finalement été arrêté et mis en détention en décembre 2015. Le verdict devrait être rendu lundi.

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