«Il joue sa vie» Accusé d'avoir tué et enterré sa compagne, il abat sa dernière carte

AFP

9.1.2024

Accusé d'avoir étranglé sa compagne puis de l'avoir enterrée au domicile conjugal, dans un sarcophage de béton, Samire Lymani continue «bien évidemment» à «clamer son innocence», a indiqué son avocat mardi à l'ouverture de son procès devant les assises de l'Hérault à Montpellier.

Samire Lymani continue de clamer son innocence (image d’illustration).
Samire Lymani continue de clamer son innocence (image d’illustration).
ats

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«Bonjour!», a lancé d'une voix assurée Samire Lymani, pull-over noir et cheveux rasés sur les côtés, depuis le box des accusés, avant de décliner son identité.

L'audience a débuté par la sélection des six jurés (quatre hommes et deux femmes) et de quatre jurés suppléants (un homme et trois femmes). Jugé jusqu'au 17 janvier, Samire Lymani encourt la réclusion criminelle a perpétuité.

«Il est stressé, parce qu'il joue sa vie tout simplement. Et en colère, parce qu'il clame son innocence et que le réel coupable court toujours», près de trois ans après la découverte du corps d'Aurélie Vaquier, 38 ans, le 7 avril 2021, a expliqué avant l'audience Mathieu Montfort, un des avocats de l'accusé. Et il va «bien évidemment» continuer à nier toute responsabilité, malgré les nombreux éléments à charge relevés par les enquêteurs, a-t-il insisté.

«Nous espérons que l'accusé va revenir à de meilleures dispositions et qu'il va se rendre compte que c'est peut-être son intérêt de dire exactement ce qu'il s'est passé», a rétorqué Me Félix Alary, un des avocats de la famille d'Aurélie Vaquier.

«La famille attend des réponses aux questions», pour «faire le deuil» et «savoir pourquoi ça s'est passé dans des conditions aussi atroces», a ajouté l'avocat des parties civiles.

Alors âgé de 39 ans, Samire Lymani avait signalé la disparition de sa compagne le 23 février 2021, près d'un mois après que, selon lui, elle avait donné signe de vie pour la dernière fois. Elle aurait quitté le domicile conjugal avec uniquement son téléphone portable et quelques vêtements, puis elle aurait envoyé un message étrange, évoquant son désir de se retirer pour écrire.

Son cadavre avait finalement été découvert par les gendarmes au domicile même du couple, sous un cercueil de béton de 2 m sur 1 m coulé sous une estrade en bois couverte d'un empilement d'objets.

Selon l'hypothèse «privilégiée» par les médecins légistes, la jeune femme aurait été étranglée. Restera à déterminer si elle n'a pas été enterrée inconsciente, certes, mais vivante, une thèse envisagée par ces mêmes légistes.

«Toute puissance infantile»

Père de deux enfants, en cours de divorce, l'accusé, ancien militaire et ex-chauffeur routier, s'était installé dans l'Hérault à l'été 2020. Il y avait rencontré Aurélie Vaquier, trentenaire brune au large sourire et au «fort caractère», selon ses proches, vendeuse de produits cosmétiques artisanaux sur les marchés et très active sur les réseaux sociaux, avec qui il avait rapidement emménagé, à Bédarieux, dans le Haut-Languedoc.

Le couple avait pour projet de créer un commerce mais les disputes étaient fréquentes et la jeune femme avait confié à une amie être au bout du rouleau. Aux enquêteurs, Samire Lymani a affirmé que sa compagne était partie se ressourcer fin janvier 2021 et que lui-même s'était rendu au même moment en région lyonnaise, récupérer son fils et un neveu.

De retour au domicile conjugal une semaine plus tard, il n'avait pas signalé sa disparition mais avait continué à utiliser sa carte bancaire, tout en tenant des propos désobligeants à son égard et en fréquentant assidument des sites de rencontres.

Les enquêteurs sont persuadés que le sarcophage de béton où elle a été retrouvée a bien été réalisé par son compagnon. Réfutant cette version, Samire Lymani assure que sa compagne a été tuée durant son absence de Bédarieux, par un inconnu, qui l'aurait ensuite enterrée. Il n'aurait découvert cette dalle que le 7 avril, avec la découverte du corps.

Evalué par les psychiatres et psychologues comme un homme «impulsif», à la «personnalité caméléon» et «borderline», l'accusé présentait «une toute puissance infantile» doublée d'"une immaturité psycho-affective". Mais cela n'aurait pas aboli ou altéré son discernement.

En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a récemment avancé le chiffre de 94 féminicides en 2023, contre 118 en 2022, une baisse accueillie avec prudence par les associations féministes.