Amazon assouplit les conditions de travail dans ses entrepôts américains après un rapport accablant sur les accidents, semblant chercher à apaiser les critiques à moins de trois semaines de sa grande opération de soldes annuelles.
Un livreur Amazon à l'entrepôt d'Hawthorne, le 2 février 2021 en Californie
Un entrepôt d'Amazon à Staten Island, en février 2019 à New York
Un entrepôt d'Amazon à Staten Island, en février 2019 à New York
Amazon assouplit les conditions de travail dans les entrepôts avant ses soldes annuelles - Gallery
Un livreur Amazon à l'entrepôt d'Hawthorne, le 2 février 2021 en Californie
Un entrepôt d'Amazon à Staten Island, en février 2019 à New York
Un entrepôt d'Amazon à Staten Island, en février 2019 à New York
Ses «Prime Day», deux journées de promotions «sur plus de 2 millions de produits», auront lieu les 21 et 22 juin dans une vingtaine de pays, dont les Etats-Unis, et nécessiteront comme chaque année un renforcement temporaire de ses équipes.
Mardi, le géant du commerce en ligne a annoncé que les ouvriers auront plus de temps pour prendre des pauses.
Le système baptisé «Time off Task» ("temps non travaillé"), qui mesure la productivité des salariés chargés de trier, emballer et déplacer les colis, «peut facilement être mal interprété», a admis Dave Clark, patron des opérations mondiales, dans une lettre à ses équipes.
De nombreux employés et associations accusent cette méthode de causer du stress inutile, en ne laissant pas suffisamment de temps pour se rendre aux toilettes, par exemple.
«À partir d'aujourd'hui, le +Time off Task+ durera plus longtemps en moyenne», a promis le directeur.
Cette décision intervient dans la foulée de nouvelles accusations par des syndicats américains, qui estiment que le groupe de Seattle ne protège pas suffisamment la santé de ses employés.
Productivité
«Les travailleurs des sites Amazon se blessent plus souvent, et plus gravement que dans les entrepôts d'autres entreprises», a affirmé une coalition de syndicats, le Strategic organizing center, dans un rapport publié mardi.
Selon cette étude, l'année dernière, près de 6% des ouvriers des centres de tri du géant du commerce en ligne ont été victimes d'un accident qui les a forcés à s'arrêter temporairement ou à prendre un poste différent, moins contraignant physiquement.
«Ce taux est quasiment 80% plus élevé que pour tous les autres employeurs ayant des entrepôts sur l'année 2020», continue le rapport.
Assouplir le système de contrôle des horaires dans les entrepôts, doit permettre de revenir «à son objectif premier», qui est de «comprendre s'il y a des problèmes avec les outils que les personnes utilisent pour être productives, et seulement en second lieu d'identifier les employés moins performants», a assuré M. Clark.
«Nous avons étendu notre équipe dédiée à la santé et à la sécurité au travail à plus de 6.200 employés et investi plus de 1 milliard de dollars dans de nouvelles mesures de sécurité en 2020», a réagi Kelly Nantel, une porte-parole du groupe, sollicitée par l'AFP au sujet du rapport des syndicats.
Amazon table sur un chiffre d'affaires compris entre 110 et 116 milliards de dollars pour la période d'avril à juin, soit 24 à 30% de plus sur un an, notamment grâce au «Prime Day».
Situation «désespérée»
La firme a saisi l'opportunité de la pandémie en embauchant 500.000 personnes dans le monde l'année dernière pour répondre à l'explosion de la demande.
Elle a transformé l'essai avec des résultats spectaculaires, et continue d'investir dans tous ses secteurs, de sa plateforme de e-commerce au cloud (informatique à distance) et au divertissement (elle vient de racheter les studios MGM).
Mais son succès auprès des consommateurs ne masque pas ses déboires avec les autorités et la société civile, qui lui reprochent des abus de position dominante, des pratiques anti-concurrentielles et des conditions de travail extrêmes.
«Ces données devraient servir d'avertissement, elles montrent à quel point la situation est devenue désespérée», a commenté Debbie Berkowitz de NELP, une association qui milite pour les droits des salariés.
En avril, après l'échec d'une tentative de syndicalisation d'un entrepôt dans l'Alabama – qui aurait été une première pour Amazon aux Etats-Unis – le fondateur et patron Jeff Bezos avait écrit: «Nous devons faire mieux pour nos employés», dans sa lettre annuelle aux actionnaires.
«Nous allons être le meilleur employeur et l'endroit le plus sûr où travailler sur Terre», avait-il promis, évoquant notamment des mesures déjà prises ou en cours de déploiement pour réduire les risques de troubles musculo-squelettiques liés aux tâches répétitives.
«D'après nos sondages, 94% de nos employés dans les entrepôts ont dit qu'ils recommanderaient Amazon comme lieu de travail à leur famille et à leurs amis», a insisté Dave Clark dans sa lettre mardi.