Recherche sur l'eauAntidépresseurs et opioïdes dans le Rhin
ATS
31.3.2020 - 15:29
Des chercheurs de l'Eawag et de l'EPFZ ont analysé l'impact d'une usine pharmaceutique sur l'eau du Rhin après le passage par la station d'épuration. Ils ont identifié 25 substances, dont des antidépresseurs et des opioïdes, et ce jusqu'à 100 kilomètres en aval.
Les substances actives de médicaments et leurs produits de dégradation parviennent dans les stations d'épuration avec les eaux usées. Une partie se déverse alors dans les rivières, car leur élimination dans les stations n'est pas totale.
Il en va de même des substances émises par l'industrie pharmaceutique, a indiqué mardi l'Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l'eau (Eawag). Des chercheurs de l'Eawag et de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), associés à une spin-off, ont voulu en avoir le coeur net.
L'équipe de la doctorante Sabine Anliker et du chimiste de l'environnement Heinz Singer a analysé les effluents déversés par deux stations d'épuration du bassin du Rhin. L'une ne traite que des eaux usées domestiques et artisanales, l'autre reçoit également des effluents d'une usine pharmaceutique.
Evolution caractéristique
Les scientifiques ont prélevé quotidiennement des échantillons d'eau traitée pendant trois mois puis les ont analysés par spectrométrie de masse à haute résolution. Étant donné que les sociétés pharmaceutiques produisent en général certaines substances pendant certaines périodes, les scientifiques ont recherché les composés dont les concentrations variaient fortement.
Résultat: ils ont identifié 25 substances, dont des antidépresseurs et des opioïdes, dont les concentrations présentaient une évolution typique et souvent cyclique et dont les valeurs maximales étaient bien supérieures à celles rencontrées dans les effluents domestiques.
Les travaux effectués dans le cadre de cette étude ne permettaient pas d'étudier les effets des effluents pharmaceutiques épurés sur l'écologie du milieu aquatique en aval de la station d'épuration. Mais Heinz Singer estime que les concentrations mesurées sont telles «qu'il pourrait être rentable, pour les fabricants, d'améliorer le prétraitement des effluents sur le site industriel», écrit l'Eawag.
Jusqu'à 100 km en aval
Le chercheur avoue avoir surtout été très étonné de constater que l'évolution typique des concentrations était encore nettement observable à 100 kilomètres en aval, à la station de surveillance du Rhin à Bâle.
«Donc, non seulement l'émission de quantités plutôt modestes d'effluents par un seul site industriel laisse une empreinte visible en sortie de station d'épuration, mais elle peut influer sur la qualité de l'eau de tout un fleuve, même l'un des plus importants d'Europe», écrivent les auteurs dans leur article qui vient d'être publié en ligne par la revue Environmental Science and Technology.
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