Southport Après de violents heurts, les autorités promettent la fermeté

ATS

31.7.2024 - 16:28

La police britannique a promis mercredi de déployer tous les moyens nécessaires pour éviter de nouvelles violences à Southport. Cette déclaration intervient au lendemain de heurts dans cette ville où trois fillettes ont été tuées dans une attaque au couteau.

De violents heurts ont eu lieu mardi à Southport après le meurtre de trois fillettes dans cette ville.
De violents heurts ont eu lieu mardi à Southport après le meurtre de trois fillettes dans cette ville.
ATS

Ces heurts, attribués par la police à des manifestants d'extrême droite, ont éclaté mardi soir dans un contexte de spéculations en ligne sur l'origine du suspect de cette agression au mobile encore inconnu qui a traumatisé cette ville balnéaire du nord-ouest de l'Angleterre.

Deux cents à trois cents personnes ont allumé des feux, jeté des briques sur une mosquée et affronté les forces de l'ordre, dont 54 agents ont été blessés, selon la police. «C'était terrifiant», a raconté le président de la mosquée Ibrahim Hussein, coincé dans l'édifice pendant les heurts. «Cette méchanceté était incompréhensible», a-t-il ajouté. «Cela fait 30 ans qu'on est ici sans aucun problème».

Mercredi matin, plusieurs membres de la communauté musulmane locale se sont rassemblés devant la mosquée, tandis que les services de nettoyage débarrassaient les débris restant dans la rue. Une voiture avec une vitre brisée était garée sur place, appartenant selon des témoins à un homme qui se trouvait dans le lieu de culte pendant les heurts.

«Nous prenons toutes les dispositions nécessaires pour ce soir et le week-end à venir», a assuré à la presse la cheffe de la police du Merseyside, Serena Kennedy, assurant avoir reçu des renforts d'autres régions afin de «disposer des ressources nécessaires pour ne pas voir les événements de la nuit dernière se répéter». Trois personnes ont été arrêtées mardi soir et «d'autres suivront», a-t-elle précisé.

«Insulte»

La police a dit «soupçonner» les responsables des violences d'être des «soutiens» de la Ligue de défense anglaise (EDL), un mouvement d'extrême droite anti-islam dont les manifestations sont régulièrement émaillées de débordements.

«Ceux qui ont détourné la veillée des victimes avec de la violence et de la brutalité ont insulté la communauté dans son deuil. Ils subiront toute la force de la loi», a réagi sur X Keir Starmer. L'attaque au couteau s'est produite à la mi-journée lundi, en pleines vacances scolaires, dans un club de danse lors d'une activité pour enfants autour de la musique de Taylor Swift.

Deux fillettes, de six et sept ans, sont décédées le jour même, et une troisième, âgée de neuf ans, est décédée mardi. Selon le dernier bilan, huit autres enfants ont été blessés dont cinq étaient toujours mardi dans un état critique. Deux adultes ont également été grièvement blessés, probablement en tentant de «protéger» les enfants, selon la police.

Désinformation

La police a arrêté un adolescent de 17 ans, dont la garde à vue a été prolongée mercredi. Mais aucune détail n'a été donné sur ce suspect, originaire de Cardiff au Pays de Galles et domicilié dans la petite ville de Banks proche de Southport. Selon la BBC, sa famille vient du Rwanda.

Depuis l'attaque, de nombreuses rumeurs sur sa nationalité, le moment de son arrivée au Royaume-Uni ou sa religion ont foisonné sur les réseaux sociaux. Dans un message posté sur X et vu par plus de 10 millions de personnes, l'influenceur masculiniste britannique Andrew Tate – dans l'attente d'un procès pour viol et traite d'êtres humains – a affirmé que l'agresseur était un «migrant illégal».

Les autorités ont tenté d'appeler à la patience et à la prudence une population qui réclame des réponses sur les motivations de l'agresseur. Le député local Patrick Hurley a blâmé «la propagande et les mensonges» diffusés en ligne, dont certains «dans l'espoir de causer de la division».

Appel au calme

Au Parlement mardi soir, Yvette Cooper a estimé que les plateformes de réseaux sociaux «doivent assumer leur responsabilité». Lors de la veillée mardi soir, June Burns, la maire de Sefton, district auquel appartient Southport, a appelé à la tribune «au calme et au respect», devant une foule recueillie.

Plusieurs personnes présentes étaient originaires du Portugal, pays d'où viennent les parents d'une des trois fillettes tuées. Comme Sara Taylor, 36 ans, qui voyait régulièrement la petite avec sa mère dans un commerce du coin. «C'est une tragédie (...) personne n'aurait pu prévoir ça. Elle était toujours heureuse, gaie, très souriante».