«On les a tamponnés, tamponnés, tamponnés (...), puis la balle dans la tête»: le déchiffrage du réseau de téléphones cryptés Sky ECC, utilisé par des groupes criminels, a permis d'élucider l'assassinat d'un mécanicien de 22 ans en 2020 à Besançon, lors d'affrontements entre bandes rivales.
L'enquête avait été ouverte à Lille en 2019, puis confiée à des juges parisiens spécialisés dans la lutte contre la criminalité organisée. Elle a amené les policiers de Besançon à récupérer des discussions entre huit hommes soupçonnés d'avoir participé à l'assassinat du jeune homme, Houcine Hakkar.
Parmi les suspects, âgés de 21 à 28 ans, six sont en cours de mise en examen depuis mercredi pour «meurtre en bande organisée». Un septième, récemment extradé d'Espagne, sera présenté ultérieurement au juge d'instruction. Le parquet requiert leur incarcération. Un huitième homme est en fuite.
«L'ensemble des individus nient être liés directement à la mort de M. Hakkar» et les investigations se poursuivent pour identifier lequel d'entre eux est l'auteur du tir mortel, a indiqué vendredi le procureur de Besançon, Etienne Manteaux, lors d'une conférence de presse.
28 impacts de balles
Le 8 mars 2020 vers 21h00, le jeune homme conduit la nouvelle voiture d'un ami lorsqu'ils sont pris en chasse par un autre véhicule. Après une course poursuite durant laquelle les deux jeunes essuient des tirs, une rafale crible leur voiture.
Le jeune homme est touché à plusieurs reprises, dont une fois à la tête. Le tireur avait pris soin d'entailler la balle pour qu'elle se scinde en deux. Egalement blessé, le passager parvient à s'enfuir. La police relèvera 28 impacts de balles dans le véhicule et les messages cryptés entre les suspects permettra d'établir qu'ils s'étaient trompés de voiture.
Cette fusillade est intervenue dans le cadre d'affrontements entre deux bandes rivales qui se disputaient le contrôle du marché de la drogue dans le quartier sensible de Planoise à Besançon entre novembre 2019 et mars 2020. Outre la mort de M. Hakkar, ces règlements de comptes ont fait une douzaine de blessés, âgés de 14 ans à 31 ans.
L'enquête a permis la mise en examen de 54 personnes, dont 27 ont été placées en détention, a noté le procureur.