Bas-Rhin Un ex-conjoint jugé pour assassinat rejette la préméditation

ATS

24.1.2024 - 14:49

Un ancien technicien de maintenance de 53 ans, jugé devant les assises du Bas-Rhin pour assassinat, a maintenu mercredi avoir tué en 2020 son ex-conjointe, qui l'avait quitté. L'accusé a cependant rejeté avoir prémédité son geste.

En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a récemment avancé le chiffre de 94 féminicides en 2023, contre 118 en 2022 (photo symbolique).
En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a récemment avancé le chiffre de 94 féminicides en 2023, contre 118 en 2022 (photo symbolique).
ATS

Keystone-SDA

Silhouette trapue, visage fermé derrière ses lunettes, l'homme est entré dans le box des accusés vers 09h00. Il sera jugé jusqu'à vendredi pour assassinat par six jurés, quatre femmes et deux hommes. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Interrogé sur les faits lors de sa première prise de parole, dans une salle des assises remplie et très attentive, le quinquagénaire a maintenu, comme il le fait depuis le début de l'affaire, avoir tué la victime.

Mais cet échange a d'emblée donné lieu à un recadrage du président de la cour, Antoine Giessenhoffer. A la question «avec ou sans préméditation», centrale puisque l'accusé conteste avoir préparé son geste, il marque un temps d'arrêt: «Je n'étais pas dans un état psychologique normal...».

Durant l'instruction, il a en effet évoqué la possibilité qu'un anxiolytique prescrit avant les faits par son psychiatre ait pu le plonger dans un état second et suscité un passage à l'acte pulsionnel.

Aide-soignante en Ehpad de 58 ans et mère de deux enfants majeurs, la victime avait été retrouvée morte le 26 septembre 2020 dans une mare de sang au sous-sol de sa maison de Wissembourg (Bas-Rhin), dans le nord de l'Alsace, égorgée. Sur son corps, les experts ont dénombré une dizaine de coups de couteau.

Son ex-conjoint avait été interpellé deux jours plus tard dans le sud de la France alors qu'il était en fuite. Il avait auparavant laissé une lettre annonçant qu'il avait «décidé de tuer Christine» et qu'il souhaitait mettre fin à ses jours.

La quinquagénaire, veuve depuis 2018, avait rompu avec lui quelques mois plus tôt après une relation d'environ un an et venait de retrouver un compagnon lorsqu'elle a été tuée.

Espionnée

Selon l'enquête, le prévenu, qui l'avait espionnée, avait découvert l'existence de ce nouveau compagnon, domicilié dans le Sud-Ouest. Trois jours avant le crime, il l'avait contacté sous une fausse identité, découvrant qu'il comptait s'installer en Alsace avec Christine.

Lors d'une première matinée d'audience, un portrait sombre a été brossé du prévenu: «Radin», «autoritaire», «égocentrique», père «peu présent» pour ses deux enfants ou encore incapable de se remettre en question, rejetant toujours «la faute sur les autres». Son «instabilité» professionnelle – il a multiplié les emplois – et son problème avec l'autorité a également été soulignée.

Insupportable pour un accusé décrit par les experts comme ayant une personnalité obsessionnelle présentant un rapport problématique aux femmes, vécues comme menaçantes dès qu'elles ne sont plus vulnérables. Son divorce houleux d'avec sa première épouse en 2014 a également été abordé, notamment les deux rappels à la loi que l'accusé s'est vu infliger dans le cadre de cette séparation, l'un pour violence par conjoint.

«J'étais un homme battu», a-t-il rétorqué, soutenant que son ex-femme l'avait «frappé à plusieurs reprises. Je l'ai maîtrisée, jamais répliqué». «Vous n'en avez jamais parlé jusqu'ici! C'est nouveau ça? Onze ans après, vous décidez que vous êtes un homme battu!», lui lance l'avocate générale.

En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a récemment avancé le chiffre de 94 féminicides en 2023, contre 118 en 2022, une baisse accueillie avec prudence par les associations féministes.