Allemagne Attaque «antisémite» contre une synagogue

ATS

9.10.2019 - 21:45

Deux personnes ont été tuées mercredi dans une fusillade devant une synagogue à Halle, dans l'est de l'Allemagne. Selon le ministre de l'intérieur, il s'agit d'une attaque «antisémite» perpétrée par un sympathisant de la mouvance d'extrême droite.

Selon le centre américain de surveillance des sites terroristes SITE, l'auteur de la fusillade s'est filmé et a publié sa vidéo sur internet. Dans cet enregistrement de 35 minutes, cet homme au crâne rasé se lance dans une diatribe antisémite, affirmant notamment que «l'Holocauste n'a jamais existé».

Il considère que les Juifs sont à la source de tous les problèmes, selon SITE qui dresse un parallèle avec une vidéo similaire filmée par l'auteur de l'attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande contre deux mosquées en mars dernier.

Une vidéo a également été diffusée sur la plateforme de streaming en direct Twitch. «Nous avons fait au plus vite pour retirer ce contenu et nous suspendrons tous les comptes qui posteront ou reposteront des images de cet acte abominable», a dit une porte-parole du site spécialisé dans le jeu vidéo et l'e-sport.

Synagogue remplie

Selon la police, l'homme a tenté, sans succès, de pénétrer dans une synagogue de la ville remplie de fidèles en ce jour de Yom Kippour, la fête religieuse la plus importante du calendrier juif. Il n'a pas pu toutefois ouvrir la porte close et a ensuite tiré sur des passants et sur des clients d'un restaurant turc non loin de la là.

Sur une vidéo amateur filmée depuis un immeuble du quartier pendant la fusillade, on voit cet homme, habillé en tenue militaire et portant un casque en acier surmonté de ce qui apparaît comme une caméra, tirer avec un fusil à pompe à plusieurs reprises, sans doute en direction de la police.

Un «attentat»

Selon le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer, les faits ont été commis par une seule personne, alors que la police a parlé au début de plusieurs auteurs. «Dans l'état actuel des choses, nous devons partir du principe qu'il s'agit d'une attaque antisémite», a-t-il déclaré dans un communiqué, ajoutant que la justice suspectait un acte «d'extrême droite».

La chancelière Angela Merkel a de son côté parlé d'un «attentat». Elle a exprimé sa «solidarité à tous les Juifs pour ce jour de fête qu'est Yom Kippour», a twitté son porte-parole Steffen Seibert. Dans la soirée, elle s'est rendue dans une importante synagogue de Berlin où se tient un rassemblement après l'attentat de Halle.

Suspect arrêté

Deux personnes ont été grièvement blessées par balles et admises à l'hôpital universitaire de la ville pour y être opérées, selon un porte-parole. La police a indiqué dans la soirée que la personne interpellée en milieu de journée était bien le suspect. L'homme a été blessé et «soigné», a-t-elle précisé.

En début de soirée, la police a toutefois annoncé aux habitants qu'il n'y avait plus de danger et levé son avertissement leur conseillant de ne pas sortir de chez eux. La sécurité a été renforcée devant les synagogues de plusieurs villes, dont Berlin, Leipzig et Dresde.

Cette attaque intervient quelques mois après le meurtre, en Hesse, de Walter Lübcke, un élu pro-migrants de la CDU d'Angela Merkel. Le principal suspect est un membre de la mouvance néonazie.

Cette affaire a créé une onde de choc dans le pays, où l'extrême-droite antimigrants enchaîne les succès électoraux. Elle a réveillé la crainte d'un terrorisme d'extrême droite à l'image de celui du groupuscule néonazi NSU, responsable du meurtre d'une dizaine d'immigrés en Allemagne entre 2000 et 2007.

«RAF brune»

Outre les meurtres perpétrés par le NSU, il y a eu nombre de précédents violents: un attentat au couteau contre la maire de Cologne Henriette Reker en 2015, et deux ans plus tard contre le maire d'Altena Andreas Hollstein. Tous deux, favorables à l'accueil des migrants, en réchappent de justesse.

L'Allemagne est confrontée à «une nouvelle RAF», une «RAF brune», selon le Süddeutsche Zeitung, en référence au groupe terroriste d'extrême gauche Fraction armée rouge, actif entre 1968 et 1998. Plus de 12'700 extrémistes de droite jugés dangereux sont recensés par les autorités.

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ATS