«Guanziroli au tribunal» Cambriolage musclé: attaque au coup-de-poing américain et au couteau

Silvana Guanziroli

21.9.2018

Les auteurs du cambriolage du supermarché Coop ont d'abord utilisé du gaz poivré. La scène a été reconstituée dans le cadre d'un exercice de la police tessinoise, réalisé dans une agence bancaire (image symbolique).
Les auteurs du cambriolage du supermarché Coop ont d'abord utilisé du gaz poivré. La scène a été reconstituée dans le cadre d'un exercice de la police tessinoise, réalisé dans une agence bancaire (image symbolique).
Keystone

Les employés de banque, les pompistes et les vendeurs redoutent particulièrement cette situation: un homme armé et cagoulé fait soudainement irruption dans votre commerce et vous réclame de l'argent. Paul Engel*, le gérant d'un supermarché Coop, est passé par là.

Il n'est pas près d'oublier ce qui s'est passé ce matin-là. Pour Paul Engel, ce qui s'annonçait comme une journée de travail tout à fait normale a fini en attaque d'une violence inouïe.

20 juillet 2017: le gérant de la filiale pénètre dans son magasin du quartier zurichois de Triemli peu avant six heures du matin. Il vérifie que tout va bien, range quelques petites choses, puis s'apprête à ouvrir le magasin pour les clients. Sa collaboratrice prend son service à peu près au même moment.

Cependant, les deux collègues ne se doutent pas qu'à seulement quelques mètres de là, trois hommes sont à l'affût. Installés dans leur camionnette, ils attendent le bon moment pour agir – leur objectif: l'argent conservé dans le coffre-fort de la Coop.

La Coop située à l'est de la ville. Le 20 juillet 2017, trois cambrioleurs ont fait irruption dans le magasin et agressé les employés.
La Coop située à l'est de la ville. Le 20 juillet 2017, trois cambrioleurs ont fait irruption dans le magasin et agressé les employés.
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Et le bon moment se présente finalement. À 06 h 15, Paul Engel ouvre le portail de réception des marchandises pour déplacer un transpalette sur la rampe. Deux des hommes surgissent du véhicule et sautent sur leur victime. Ils sont masqués et portent des gants – ils ne laissent donc aucune trace. Et ils sont armés.

Sans crier gare, un des hommes envoie du gaz poivré au visage du gérant et le frappe deux fois avec un coup-de-poing américain. Il finira par lui fracturer l'arcade sourcilière gauche et par lui causer de graves dommages au globe oculaire. Paul Engel tombe au sol et crie à l'aide.

Sa collaboratrice accourt et tombe à son tour dans les griffes des cambrioleurs. Armé d'un couteau papillon, le deuxième homme la force à ouvrir le coffre-fort du supermarché et à mettre l'argent dans un sac à dos. Le cauchemar n'aura duré que quelques minutes. Les hommes quittent le magasin, rejoignent leur camionnette et prennent la fuite avec un de leurs complices au volant. Leur butin: 21'230,90 francs.

Cependant, les malfrats n'iront pas bien loin. La police municipale de Zurich finira par les appréhender au bout de quelques heures, des habitants du coin ayant repéré la camionnette – c'est cette indication qui a permis l'arrestation des cambrioleurs.

La peine maximale pour l'utilisateur du coup-de-poing américain

Cette semaine, les trois malfrats ont répondu de leurs actes devant le tribunal de district de Zurich. Le ministère public compétent les a inculpés pour cambriolage et violation de la loi sur les armes.

Les trois hommes incriminés sont deux Suisses domiciliés à Zurich (25 et 23 ans) et un Bosniaque de 24 ans. Ce dernier n'a pas de domicile fixe en Suisse et fait déjà l'objet d'une exécution anticipée de peine. C'est en tout cas ce qui figure dans l'acte d'accusation du ministère public dont «Bluewin» est en possession. Une fois libéré, le jeune homme sera directement renvoyé dans son pays d'origine.

Pour le ministère public, il est évident que l'attaque perpétrée par les trois hommes était préméditée. Il a demandé une peine d'emprisonnement de 32 mois pour l'utilisateur du coup-de-poing américain, de 24 mois pour le détenteur du couteau papillon et de 12 mois pour le chauffeur.

Quatre cambriolages par jour en Suisse

Aux yeux des victimes, ces peines sont bien trop clémentes. Et il y a beaucoup de personnes comme Paul Engel en Suisse. L'année dernière, 1746 cambriolages ont été enregistrés à l'échelle nationale. C'est ce que révèle le rapport 2017 de la statistique policière de la criminalité.

C'est écrit noir sur blanc: le nombre de cambriolages a certes quelque peu diminué par rapport à l'année dernière. Cependant, il ne se passe pas une journée sans qu'il y ait une agression. C'est ce que révèle le rapport 2017 de la statistique policière de la criminalité.
C'est écrit noir sur blanc: le nombre de cambriolages a certes quelque peu diminué par rapport à l'année dernière. Cependant, il ne se passe pas une journée sans qu'il y ait une agression. C'est ce que révèle le rapport 2017 de la statistique policière de la criminalité.
Bureau fédéral de la statistique

Et dans 90 pour cent des cas, les malfrats recourent à la violence. Ils utilisent des armes à feu, des armes blanches ou des armes de taille et rouent leurs victimes de coups de poing ou de coups de pied.

Dans 90 pour cent des cas, les malfrats recourent à la violence. Ils utilisent des armes à feu, des armes blanches ou des armes de taille et rouent leurs victimes de coups de poing ou de coups de pied.
Dans 90 pour cent des cas, les malfrats recourent à la violence. Ils utilisent des armes à feu, des armes blanches ou des armes de taille et rouent leurs victimes de coups de poing ou de coups de pied.
Bureau fédéral de la statistique

Alors que les cambrioleurs cherchent l'argent facile, une telle agression constitue souvent pour les victimes un grave traumatisme dont il faut des années pour se remettre. À cet égard, les employés de stations-service sont particulièrement à risque. Pendant la nuit ou durant les heures creuses, ils travaillent souvent seuls dans leur magasin.

Les syndicats suisses s'inquiètent déjà depuis longtemps. En 2015, l'Unia avait déjà exigé des exploitants de stations-service qu'ils fassent travailler leurs collaborateurs à deux durant les heures les plus risquées.

Cependant, pour l'instant, la revendication de l'Unia est tombée dans l'oreille d'un sourd. Les exploitants de stations-service préfèrent investir dans l'installation de dispositifs de fermeture de porte, dans la vidéosurveillance ou dans la formation du personnel. Comme le rapportent les grandes entreprises, beaucoup de filiales sont tout simplement trop petites pour qu'on y mette en place un système de double occupation.

Les conseils de la police

Si vous deviez vous retrouver dans la situation de Paul Engel, Florian Frei, le porte-parole de la police cantonale de Zurich, vous conseille de vous comporter comme suit:

Durant l'attaque:

  • Garder son calme, ne pas céder à la panique
  • Face à une personnes armée, toujours partir du principe que l'arme est une vraie
  • N'opposer aucune résistance
  • Toujours garder les mains bien visibles
  • Éviter de s'agiter
  • Remettre les objets de valeur demandés
  • Ne pas bloquer les issues de secours
  • Prêter attention à l'apparence et aux traits particuliers des malfrats

Après l'attaque: 

  • Avertir la police en composant le 117
  • Prodiguer les premiers soins aux personnes blessées
  • Noter la description des malfrats
  • Ne pas effacer ou abîmer les traces laissées par les malfrats
  • Prêter attention à la direction prise par les malfrats durant leur fuite
  • Sauvegarder les enregistrements vidéo

Une partie du butin a totalement disparu

Actuellement, malgré une longue procédure d'enquête, il manque toujours une partie du butin dans l'affaire qui nous intéresse ici. D'après le réquisitoire, seuls 16'986,80 francs ont pu être récupérés chez les inculpés. Ce montant sera restitué à la Coop une fois la procédure judiciaire clôturée.

Les malfrats vont peut-être enfin révéler au juge où se trouvent les 5000 francs restants. Ou simplement tout garder pour eux – dans la perspective de leur libération.

* Les noms ont été modifiés par la rédaction

La rédactrice «Bluewin» Silvana Guanziroli est chroniqueuse judiciaire accréditée aux tribunaux zurichois. Dans sa série «Guanziroli au tribunal», elle écrit sur les procès les plus palpitants, se penche sur des affaires criminelles peu ordinaires et s'interroge sur le rôle de la justice en compagnie d'experts. Silvana Guanziroli travaille en tant que journaliste depuis plus de 20 ans et a étudié à l'école de police de la police cantonale de Zurich. silvana.guanziroli@swisscom.com
La rédactrice «Bluewin» Silvana Guanziroli est chroniqueuse judiciaire accréditée aux tribunaux zurichois. Dans sa série «Guanziroli au tribunal», elle écrit sur les procès les plus palpitants, se penche sur des affaires criminelles peu ordinaires et s'interroge sur le rôle de la justice en compagnie d'experts. Silvana Guanziroli travaille en tant que journaliste depuis plus de 20 ans et a étudié à l'école de police de la police cantonale de Zurich. silvana.guanziroli@swisscom.com

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