Attaque au couteau de Lugano«Si je pouvais revenir en arrière, je le ferais mieux»
evpf, ats
29.8.2022 - 17:49
Lors de son procès lundi devant le Tribunal pénal fédéral, l'auteure de l'attaque au couteau a déclaré qu'elle serait prête à recommencer. Cette femme de 29 ans est accusée de tentatives d'assassinat et d'infraction à la loi interdisant les groupes Etat islamique et Al-Qaïda.
evpf, ats
29.08.2022, 17:49
ATS
Interrogée par la présidente de la Cour des affaires pénales sur sa vision de l'attaque du 24 novembre 2020, l'accusée a campé sur sa position. «Si je pouvais revenir en arrière, je le ferais mieux... avec des complices.»
La femme ne s'est pas laissé attendrir par les photos des profondes blessures à la gorge et à la main subies par une des victimes. «Ces plaies ne me semblent pas particulièrement profondes», a-t-elle déclaré.
Interrogée sur le choix de ses victimes, elle a indiqué qu'elle n'aurait pas attaqué un homme car, en tant que musulmane, elle ne voulait pas toucher une personne de ce genre. En outre, il aurait été plus difficile d'agresser un homme. Elle a su immédiatement à quelle femme elle allait s'en prendre car elle a senti quelle était sa personnalité. L'accusée a dit elle-même devant le tribunal qu'elle voulait commettre un «acte terroriste».
Attentats montrés à la TV
L'interrogatoire n'a pas permis d'éclaircir pourquoi l'accusée a commencé à être fascinée par l'Etat islamique (EI). A fin 2015, elle a cherché à établir par Internet un contact avec la milice terroriste dont elle avait appris l'existence par les attentats montrés à la télévision.
Après l'échec d'un premier mariage, l'accusée a expliqué être tombée amoureuse sur Internet d'un membre de l'EI. Vivre et mourir pour Allah est un «grand honneur», a-t-elle dit. Son ami lui aurait envoyé des vidéos montrant comment «éliminer des mécréants». Mais il lui avait déconseillé d'agir seule.
A l'origine, elle avait planifié l'attentat pour le réveillon de Noël et non pour le 24 novembre 2020. Elle s'était pourtant ravisée, craignant qu'il y ait trop de monde en ville et qu'elle ne soit rapidement maîtrisée.
Lettre de menaces
Au début de l'audience, l'avocat de l'accusée a produit une lettre de menaces reçue le matin même. La prochaine attaque sera menée avec d'autres armes que des couteaux, a lu la présidente. L'auteur de ce courrier anonyme a aussi menacé le Tribunal pénal fédéral.
A la fin de l'interrogatoire, le Ministère public de la Confédération (MPC) a étendu l'accusation au financement de l'EI. En effet, l'accusée a avoué avoir envoyé de l'argent en Syrie afin de soutenir la «guerre sainte». Elle aurait eu recours à un tiers pour convoyer quelque 18'000 francs.
Selon l'acte d'accusation du MPC, l'accusée a attaqué deux femmes dans le grand magasin Manor de Lugano. Elle répond aussi d'exercice sans autorisation de la prostitution entre 2017 et 2020.
L'une de ses victimes a reçu une blessure d'au moins dix centimètres de profondeur au cou, ainsi que diverses coupures au visage, aux avant-bras, aux poignets et aux mains. Elle s'est constituée partie civile et réclame 440'000 francs. La seconde femme, qui a maîtrisé l'accusée avec d'autres témoins, a été atteinte à la main droite.