Attaque à l'arcLa police norvégienne privilégie pour l'instant «la maladie»
kigo
15.10.2021 - 15:43
L'enquête ouverte après l'attaque meurtrière à l'arc dans le sud-est de la Norvège a jusqu'à présent renforcé la thèse d'un acte dû à «la maladie», a annoncé la police norvégienne vendredi.
Keystone-SDA, kigo
15.10.2021, 15:43
ATS
«L'hypothèse qui a été le plus renforcée après les premiers jours de l'enquête est celle de la maladie en toile de fond», a déclaré l'inspecteur Per Thomas Omholt lors d'une conférence de presse, deux jours après l'attaque qui a fait cinq morts et trois blessés.
Parmi les hypothèses de départ, la police avait envisagé «la colère, la revanche, une pulsion, le djihad, la maladie et la provocation», a expliqué le policier.
Evaluation psychiatrique
«Il a été pris en charge par les services de santé jeudi soir à la suite d'une évaluation de son état de santé», a déclaré à l'AFP la procureure Ann Iren Svane Mathiassen.
Des doutes planent sur l'état psychiatrique, et donc la responsabilité pénale, du Danois soupçonné de radicalisation islamiste qui a reconnu avoir tué cinq personnes et en avoir blessé trois autres mercredi à Kongsberg (sud-est) où il réside. Il avait commencé jeudi à faire l'objet d'une évaluation psychiatrique dont les conclusions devraient prendre plusieurs mois.
Une juge doit se prononcer ce vendredi sur son placement en détention provisoire, sans présence physique du suspect. Les autorités ont demandé une détention de quatre semaines, dont les deux premières à l'isolement. En cas de décision positive, il ne serait pas incarcéré mais laissé sous la responsabilité des médecins, a précisé Ann Iren Svane Mathiassen.
«Il n'y aucun doute que l'acte lui-même fait penser en apparence qu'il peut s'agir d'un acte terroriste mais il importe maintenant que l'enquête avance et que l'on clarifie les motivations du suspect», a déclaré le chef des services de sécurité PST, Hans Sverre Sjøvold, jeudi. «C'est une personne qui a fait des allers-retours dans le système de santé pendant un certain temps», a-t-il souligné.
Signalé dans le passé pour radicalisation, le suspect, converti à l'islam il y a quelques années, a admis lors de son interrogatoire avoir commis l'attaque, armé notamment d'un arc et de flèches.
Connu des services
Le suspect «est connu» du PST, services qui sont notamment chargés de l'antiterrorisme en Norvège, mais peu de détails ont été fournis à ce sujet.
«Il y a eu des craintes liées à une radicalisation précédemment», a expliqué un responsable de la police, Ole Bredrup Saeverud. Ces craintes remontaient à 2020 et avant, et avaient donné lieu à un suivi de la police, a-t-il dit.
Selon des médias norvégiens, le Danois a été visé par deux décisions judiciaires dans le passé: une interdiction l'an dernier de rendre visite à deux membres proches de sa famille après avoir menacé de tuer l'un d'eux et un cambriolage et achat de haschich en 2012.
Une vidéo de lui datant de 2017 a également été mise au jour par plusieurs médias, où on le voit faire une profession de foi d'un ton menaçant. «Je suis un messager. Je suis venu avec un avertissement: 'est-ce vraiment ce que vous voulez?' (...) Soyez témoin que je suis musulman», y déclare-t-il.
«Jamais un sourire»
Le suspect, qui a très probablement agi seul selon la police, a tué quatre femmes et un homme âgés d'entre 50 et 70 ans, à plusieurs endroits de Kongsberg, petite ville sans histoire d'environ 25'000 habitants, à quelque 80 kilomètres à l'ouest d'Oslo.
Sous le couvert de l'anonymat, un voisin l'a décrit comme une personne peu aimable à la carrure imposante et aux cheveux ras. «Jamais un sourire, aucune expression sur le visage», a-t-il dit à l'AFP, ajoutant l'avoir vu «toujours seul».
Plusieurs projets d'attentats islamistes ont été déjoués en Norvège dans le passé. Mais le pays a été endeuillé par deux attaques d'extrême droite au cours des dix dernières années, notamment celle du 22 juillet 2011 commise par Anders Behring Breivik (77 tués).