Kenya Au moins 45 personnes tuées dans la rupture d'un barrage

ATS

29.4.2024 - 12:30

Au moins 45 personnes sont mortes dans le centre du Kenya après qu'un barrage naturel a cédé sous l'effet des pluies diluviennes qui s'abattent sur le pays depuis plusieurs semaines.

Le barrage a craqué près de la ville de Mai Mahiu, dans le comté de Nakuru, dans la vallée du Rift, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Nairobi, emportant des maisons et submergeant des axes routiers désormais coupés à la circulation.
Le barrage a craqué près de la ville de Mai Mahiu, dans le comté de Nakuru, dans la vallée du Rift, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Nairobi, emportant des maisons et submergeant des axes routiers désormais coupés à la circulation.
ATS

Keystone-SDA

Cette tragédie porte à plus de 120 morts le bilan d'une saison des pluies particulièrement meurtrières dans le pays, où le phénomène climatique El Niño amplifie les précipitations.

«Pour l'instant, 45 corps ont été retrouvés (...), l'équipe sur le terrain est débordée mais les recherches se poursuivent», a déclaré à l'AFP un officier supérieur de la police du comté de Nakuru.

Situé sur une colline, le barrage d'Old Kijabe, près de la ville de Mai Mahiu située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Nairobi, s'est formé naturellement au fil des décennies, après les travaux de construction d'une ligne de chemin de fer par les autorités coloniales britanniques.

Dans la nuit de dimanche à lundi, ses contreforts de terre ont cédé, déversant les eaux du lac de retenue adjacent sur les maisons et routes situées en contrebas.

«Nous avons entendu le flot d'eau descendre de la colline, ça a tout balayé sur son passage. Nous avons récupéré certains corps retenus par les arbres et nous ne savons pas combien sont sous la boue», a raconté un habitant, Stephen Njihia Njoroge.

Le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, a déclaré que le gouvernement avait ordonné aux autorités locales d'"inspecter tous les barrages et réservoirs d'eau publics et privés dans leurs juridictions dans les 24 heures" et d'identifier «les situations où des ordres d'évacuation obligatoire et de réinstallation temporaire doivent être émis».

Rentrée scolaire reportée

Le ministre de l'Intérieur a également annoncé que les «comportements à risques» seraient sanctionnés, visant les automobilistes et piétons traversant inconsciemment les zones inondées ou «les personnes sans scrupules (...) qui mettent la population en danger en construisant et en utilisant des (embarcations) pour transporter des passagers bloqués contre de l'argent».

Plusieurs incidents de ce type ont été recensés ces derniers jours. Dans le comté de Tana River (sud-est), la Croix-Rouge a annoncé avoir repêché deux corps sans vie et sauvé 23 personnes après le chavirage d'une embarcation. Des vidéos sur les réseaux sociaux montraient l'embarcation bondée en train de couler, ses passagers appelant à l'aide sous le regard de spectateurs impuissants.

Samedi, le gouvernement avait rapporté que 76 personnes avaient perdu la vie depuis le début de la saison des pluies en mars et que plus de 130'000 personnes avaient été déplacées.

La rentrée prévue lundi, après trois semaines de vacances, a été reportée d'une semaine, annoncé le ministre de l'Education, Ezekiel Machogu.

«Les effets dévastateurs des pluies dans certaines écoles sont si graves qu'il serait imprudent de risquer la vie des élèves et du personnel avant que des mesures d'étanchéité ne soient mises en place pour garantir une sécurité adéquate», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Région sous les eaux

Dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est, les pluies saisonnières se combinent cette année au phénomène climatique El Niño, qui a débuté mi-2023 et pourrait durer jusqu'au mois de mai, avait prévenu le 5 mars l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

Outre une augmentation des températures, El Niño provoque des sécheresses dans certaines parties du monde et de fortes pluies dans d'autres.

En Tanzanie, au moins 155 personnes ont péri dans des inondations ou des glissements de terrain. Au Burundi, un des pays les plus pauvres du monde, 96'000 personnes ont été déplacées par des mois de pluie ininterrompue, ont annoncé le gouvernement et l'ONU.

Dans la capitale rwandaise Kigali, une femme et son enfant ont été tués dimanche par l'effondrement de leur maison, ont annoncé les autorités, en demandant aux personnes vivant dans des zones à risques de quitter leurs domiciles.

Dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, quatre personnes ont péri dans des inondations et en Ouganda, les autorités ont fait état de deux morts.

El Niño a souvent fait des ravages dans l'est de l'Afrique par le passé. En décembre, plus de 300 personnes avaient péri dans divers catastrophes causées par les fortes pluies au Kenya, en Somalie et en Ethiopie. En Somalie, plus d'un million de personnes avaient été déplacées.

D'octobre 1997 à janvier 1998, de gigantesques inondations nourries par les pluies torrentielles causées par El Niño avaient fait plus de 6000 morts dans cinq pays de la région.