Australie Le gouvernement fragilisé par des accusations de viol 

ATS

1.3.2021 - 10:29

Le Premier ministre australien Scott Morrison s'est refusé lundi à limoger un ministre visé par des accusations de viol, expliquant que ce responsable dont l'identité n'a pas été divulguée démentait «vigoureusement» ces allégations dont la police a été informée.

«Les allégations de comportement criminel doivent être examinées par les agences compétentes et autorisées» à le faire, indique le premier ministre Scott Morrisson.
«Les allégations de comportement criminel doivent être examinées par les agences compétentes et autorisées» à le faire, indique le premier ministre Scott Morrisson.
KEYSTONE

Le chef du gouvernement conservateur, déjà sous pression en raison de la dénonciation du sexisme ambiant dans la classe politique, a estimé que son ministre était présumé innocent.

«Les allégations de comportement criminel doivent être examinées par les agences compétentes et autorisées» à le faire, a-t-il dit en expliquant que cette affaire relevait de la police.

Lettre d'accusations

Le Premier ministre a récemment été le destinataire d'une lettre contenant des accusations détaillées selon lesquelles un homme appartenant à son gouvernement aurait violé une adolescente de 16 ans à Sydney en 1988.

Cette femme s'est suicidée l'année dernière et l'identité de la personne mise en cause n'a pas été dévoilée, et ce en raison de lois australiennes très sévères sur les questions de diffamation.

M. Morrison a expliqué s'être entretenu à ce sujet avec son ministre qui a «rejeté de façon absolue ces allégations».

La balle est dans le camp de la police

«Il appartient à la police, dans un pays gouverné selon les règles de l'Etat de droit, de se prononcer sur la véracité d'accusations de cette nature», a déclaré le Premier ministre aux journalistes.

«L'affaire a été transmise à la police», a-t-il dit. «La personne en question a rejeté ces accusations avec force. Donc c'est l'affaire de la police.»

La police a confirmé avoir reçu une plainte tout en se refusant à davantage de commentaire.

Le décès de la victime présumée et le caractère ancien des faits rendent improbable le lancement de poursuites.

La sénatrice Verte Sarah Hanson-Young, qui a aussi été destinataire de la lettre, a également estimé totalement improbable que la police enquête, et déclaré qu'une enquête indépendante devrait avoir lieu.

Une autre affaire

Cette nouvelle affaire éclate alors que l'exécutif a déjà été ébranlé le mois dernier par d'autres accusations de viol.

Une ancienne employée du gouvernement affirme avoir été violée en 2019 dans le bureau au Parlement d'une ministre, avant d'être lâchée par sa hiérarchie.

Alors âgée de 24 ans, Brittany Higgins travaillait en 2019 depuis plusieurs mois pour Linda Reynolds, qui était alors ministre de l'Industrie de défense et est devenue depuis ministre de la Défense.

Elle a affirmé mi-février avoir été violée cette année-là par un collègue masculin dans le bureau de la ministre au Parlement après une soirée arrosée avec d'autres collègues du Parti libéral.

Mme Reynolds est actuellement en arrêt maladie.

M. Morrison avait initialement défendu la façon dont son gouvernement avait géré cette affaire, avant de présenter ses excuses.

De son côté, Mme Hanson-Young a aussi révélé ce week-end avoir porté à la connaissance de la police des accusations de viol visant un député travailliste dont elle avait été informée.

Ces révélations interviennent alors que plusieurs affaires d'agression sexuelle, d'intimidation et de harcèlement ont ces dernières années jeté une lumière crue sur la place des femmes dans le monde politique australien.

Retour à la page d'accueil