13,7% Autant d'oxygène qu'au mont Blanc, pour une montagne... de papier! 

Valérie Passello

23.11.2021

Valérie Passello

Si la transition numérique est en marche, le papier est loin d'avoir disparu de nos vies. La conservation d'archives est un business à part entière, qui requiert des conditions hyper-sécurisées. Reportage à Genève. 

Il faut patienter devant la porte. À l'intérieur, le gigantesque robot de 25 mètres de haut s'active encore à déplacer des palettes. Un code et une clé spéciale seront nécessaires pour pénétrer à l'intérieur de la halle, où le taux d'oxygène est de 13,8% au maximum, similaire à celui du sommet du mont Blanc, à 4'808 mètres d'altitude.

Pourtant, aucune ascension pour arriver jusqu'ici. Nous sommes à Genève, à Satigny plus précisément, dans l'un des entrepôts de l'entreprise Iron Mountain. Ici, ce ne sont pas moins de 500'000 cartons qui sont conservés, étiquetés, classés et bien rangés par un robot intelligent, sur quelque 14'400 palettes. Les locaux offrent 69'000 mètres cubes d'espace de stockage.

Des archives bien gardées

Des archives bien gardées

À Genève, la société Iron Mountain conserve les archives de différentes entreprises, dans des locaux hyper-sécurisés. La halle de stockage est à l'abri des incendies grâce à un dispositif qui y maintient le taux d'oxygène à 13,8% au maximum.

28.10.2021

Dans les boîtes se trouvent les archives de différentes entreprises, comme des assurances, des fiduciaires, des cabinets d'avocats ou des banques. Et si l'oxygène est réduit, cela sert à éviter un incendie. Un tel événement s'avérerait catastrophique pour les clients, dont certains sont tenus par la loi de conserver leurs archives pendant des périodes allant jusqu'à 100 ans. 

Afin d'assurer le maintien d'un taux d'oxygène bas, deux compresseurs se relaient pour injecter en permanence de l'azote dans la halle. En cas de panne, une alarme se déclenche aussitôt et un camion arrive pour prendre le relais des compresseurs. 

Transition numérique, vraiment?

Mais pourquoi garder du papier à l'heure de la transition numérique? La réponse est pragmatique: «c'est tout simplement moins cher», relève le directeur commercial René Gonthier. «Bien sûr qu'il est possible de numériser des documents, mais si c'est juste pour les conserver, cela ne sert à rien. Il appartient au client de savoir quel usage il veut en faire», ajoute-t-il.   

Pour illustrer la différence de coûts, le gestionnaire des opérations d'Iron Mountain en Suisse, François Chesneau, indique: «Si l'on a 10'000 boîtes d'archives, cela prendra environ dix jours pour en organiser le stockage. Mais il faudra un an pour tout numériser! »

Tout a commencé par une champignonnière
Des champignons poussent dans une galeire des Mines d'asphalte de la Presta ce mercredi 4 avril 2018 a Travers. Veritable or gris de la region qui fit la renommee industrielle du Val-de-Travers, le gisement d'asphalte fut decouvert en 1711 par le savant et medecin grec Eyrini d'Eyrinis, en excursion geologique en notre pays. L'asphalte est un minerai rare et precieux qui fut utilise des l'antiquite intervenant dans l'embaumement des momies egyptiennes, l'etancheification des constructions babyloniennes et des navires pheniciens ainsi que dans la fabrication de pave, route et place. Les mines d'asphalte de la Presta dont les galeries faisaient autrefois pres de 100 kilometres de longueur, sont situees au Val-de-Travers dans le canton de Neuchatel a Travers, ces mines ont ete exploitees de 1712 a 1986, elle peuvent se visiter d'avril a octobre.(KEYSTONE/Laurent Gillieron)
KEYSTONE

L'histoire d'Iron Mountain débute aux Etats-Unis en 1936, lorsqu'un certain Herman Knaust a acquis une mine désaffectée pour sa culture de champignons. Dans les années 1950, il convertit sa champignonnière en entrepôt pour des documents commerciaux. Au fil des décennies, l'entreprise s'étend aux Etats-Unis, puis dans 58 pays du monde. Implantée en Suisse depuis 2006, la société y a ouvert plusieurs centres d'archivage, à Bâle, Winterthour, Berne, Lausanne et Dulliken notamment. Inauguré en 2017, celui de Genève est le plus moderne. 

Néanmoins, dans certains cas, comme le partage d'un patrimoine au plus grand nombre, la digitalisation de documents peut s'avérer utile.

Une véritable forteresse

Portail de fer, accès par empreintes digitales, surveillance permanente et contact direct avec les soldats du feu en cas d'alarme, le centre d'archivage de Genève est une vraie forteresse. Les cartons, eux, sont anonymes. Ils sont simplement étiquetés de codes-barres, afin que personne, pas même les employés, ne sache où trouver un document précis. 

«Lorsque l'un de nos clients nous demande de lui fournir une archive, il ne nous dit jamais de quoi il s'agit, il mentionne le numéro de code-barre», précise François Chesneau. Seul le robot sait où le carton concerné est rangé. Il pourra alors aller le chercher dans la halle, puis le colis sera livré au client.

À l'heure où les piratages se multiplient, l'entreprise affirme que son système informatique est sûr, puisqu'aucune donnée personnelle n'y figure. «Confidentialité et sécurité sont les maîtres-mots de l'entreprise», résume René Gonthier.

Malgré tout, selon ces experts de la branche, le business de l'archivage pourrait décliner au fil des dix prochaines années. Mais des diversifications sont possibles et d'ores et déjà en cours. Aujourd'hui, Iron Mountain propose une gamme de solutions numériques pour la gestion globale de l'information, notamment une plateforme intelligente de services de contenu en cloud, des solutions d'archivage numérique et d'automatisation des flux de travail, ainsi que des services de numérisation spécialisés.

Non loin de là, à Meyrin, l'entreprise conserve par exemple toutes sortes d'oeuvres d'Art, collaborant autant avec des musées qu'avec des collectionneurs privés.