Paris 2024 Avant les JO, la bataille pour débarrasser les puces parisiennes de la contrefaçon

Relax

17.12.2023 - 14:35

(AFP) – Au marché aux puces de Saint-Ouen, incontournable attraction touristique parisienne, les produits contrefaits sont légion. A quelques mois des Jeux olympiques, les autorités essayent de faire disparaître des étals les pseudo-sacs ou vêtements de luxe qui s'arrachent à des prix défiant toute concurrence.

Mais depuis des années, des boutiques écoulent de la marchandise de contrefaçon et empiètent sur le territoire des 1.400 antiquaires répartis sur 9 hectares au nord de Paris.
Mais depuis des années, des boutiques écoulent de la marchandise de contrefaçon et empiètent sur le territoire des 1.400 antiquaires répartis sur 9 hectares au nord de Paris.
THOMAS SAMSON / AFP

17.12.2023 - 14:35

Avec plus de 5 millions de visiteurs par an, le marché des antiquaires et des brocanteurs est le rendez-vous mondial des collectionneurs, décorateurs d'intérieur et du badaud.

Mais depuis des années, des boutiques écoulent de la marchandise de contrefaçon et empiètent sur le territoire des 1.400 antiquaires répartis sur 9 hectares au nord de Paris.

«Acheter de la contrefaçon est devenu une attraction. Le touriste achète un t-shirt ou un sac à main en pensant faire +la bonne affaire+ et ne pense pas forcément que c'est illégal», explique Claire Laclau, la commissaire de Saint-Ouen.

Car la détention de contrefaçons, comme la vente, constitue un délit qui peut être sanctionné de trois ans de prison et 300.000 euros d'amende.

A Saint-Ouen, commune aux portes de Paris située dans le département populaire de Seine-Saint-Denis, une brigade de la police nationale est dédiée aux Puces en partenariat avec la police municipale. Leur «double mission: un travail de dissuasion, avec une forte occupation de la voie publique et un travail de détection de la délinquance pour protéger les visiteurs».

Sur le périmètre se côtoient des vendeurs à la sauvette, des voleurs à la tire, des mineurs non accompagnés «shootés au Rivotril», puissant antiépileptique. S'ajoute le marché des biffins, dit «marché de la misère», situé sous les ponts à cheval entre le 18e arrondissement de Paris et Saint-Ouen, où se troquent contre quelques euros «des denrées alimentaires avariées, des téléphones volés», selon le tableau dressé par les policiers de terrain.

«Ce cocktail explosif» génère «de l'insécurité, des violences, des règlements de comptes au couteau», constate le chef de la brigade dédiée aux Puces alors qu'il effectue avec son équipe une tournée de routine.

Boutiques sous scellés

Dans les échoppes, les derniers objets à la mode sont disponibles à la vente, comme une célèbre doudoune d'une marque canadienne à 100 euros, soit dix fois moins que son prix réel, ou une casquette siglée «LV» affichée à 10 euros.

«Un bon plan», ironise un policier précisant que «les grossistes de province» viennent aussi se fournir en articles provenant de Chine ou de Turquie. A «5 à 6.000 euros de revenus journaliers» par boutique de 10 mètres carrés de surface, l'affaire est «aussi rentable que les stupéfiants et moins risquée», souffle une fonctionnaire de police.

Depuis janvier 2023, la police a saisi plus de 40.000 pièces pour plus de 4 millions d'euros de préjudices pour les marques. «Les caves du commissariat débordent»: douze tonnes de produits contrefaits ont été détruites.

L'Union des fabricants (Unifab), association française de lutte anti-contrefaçon pour la protection et la promotion du droit de la propriété intellectuelle, se charge de déposer les plaintes au nom des marques.

«On pourrait vider une boutique entièrement que le lendemain elle sera à nouveau achalandée», reconnaît Claire Laclau. «On permet de contenir le trafic mais on ne l'éradique pas», ajoute la commissaire.

Pour y parvenir, «ce sont des enquêtes en profondeur pour remonter la filière et identifier les responsabilités et les propriétaires des biens».

Ceux qui se retrouvent derrière le tiroir-caisse des magasins sont «des hommes de paille, pas déclarés et payés une misère».

Ce travail de longue haleine commence à porter ses fruits. Neuf boutiques ont été placées sous scellés. Une dizaine d'enquêtes sont en cours d'instruction et un premier procès doit se tenir en 2024.

«Saint-Ouen agit non pas pour ôter cette image» de capitale de la contrefaçon, «mais pour l'éradiquer concrètement». Et ce, «qu'il y ait les JO ou pas. C'est une priorité absolue», assure son maire socialiste Karim Bouamrane.

Mais ce sont bien les Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août), à moins de huit mois de leur échéance, qui ont donné un coup d'accélérateur, assure une source policière. De nombreux renforts de police sont déjà sur le terrain, comme lors de la Coupe du monde de rugby cet automne. Des touristes anglais ou sud-africains avaient les sacs «remplis de contrefaçons», ont constaté les agents.

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