Le résultat d'une tradition sexiste? D'après une étude, avoir 3 filles pourrait affecter le moral des mères

Relax

11.8.2023 - 19:39

D'après une récente enquête réalisée au Royaume-Uni, les mères qui ont eu trois filles seraient susceptibles d'être moins heureuses que les autres. Ce constat découle-t-il d'un fait scientifique avéré ou du résultat d'une longue tradition sexiste? Les chercheurs penchent plutôt pour la seconde hypothèse.

D'après une récente enquête réalisée au Royaume-Uni, les mères qui ont eu trois filles seraient susceptibles d'être moins heureuses que les autres.
D'après une récente enquête réalisée au Royaume-Uni, les mères qui ont eu trois filles seraient susceptibles d'être moins heureuses que les autres.
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Souhaitez-vous connaître le sexe du bébé? Une question que les médecins sont habitués à poser lors de la traditionnelle échographie du deuxième trimestre. Et à laquelle les parents répondent «oui» la plus grande partie du temps, si l'on en croit les différentes recherches menées sur le sujet. D’après une enquête réalisée en 2016 par plusieurs chercheuses françaises, 89% des mères et 84% des pères expriment le souhait de connaître le genre de leur enfant à naître. Si l'on pourrait supposer que le désir d'obtenir ce genre d'information relève surtout d'un désir de mieux se figurer à quoi ressemblera sa future progéniture, les recherches démontrent toutefois que le fait de savoir s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon a aussi de l'importance pour certains parents, jusqu'à créer de la surprise ou de la déception (même si ce dernier sentiment reste plus difficile à avouer).

Une récente étude va même plus loin en supposant que cela pourrait influer sur le moral des mères à long terme. Pour parvenir à cette conclusion, des chercheurs de la London School of Economics and Political Science ont combiné les données de deux études britanniques de cohortes longitudinales impliquant au total 34.000 adultes (la moitié d'entre eux est née en 1958, l'autre en 1970). Les adultes qui ont participé à cette enquête ont été interrogés tout au long de leur vie, au moins une fois tous les dix ans. Au cours de leur investigation, les auteurs de l'étude sont parvenus à un constat étonnant: les parents qui avaient déjà deux enfants du même genre semblaient plus enclins à vouloir un troisième enfant, comparé à ceux qui ont donné naissance à une fille et un garçon. Et alors que le fait d'avoir deux enfants du même genre semble avoir un impact positif sur le bien-être des mères et des pères, l'inverse se produit chez les parents qui ont trois enfants du même genre. «Contrairement aux études précédentes, le fait d'avoir trois enfants du même sexe affecte négativement la satisfaction de vie», soulignent les chercheurs.

Plus spécifiquement, cela concernerait les mères qui ont eu trois filles, déçues de ne pas avoir donné naissance à un garçon. Une baisse de moral qui se dissipe au fur et à mesure que l'enfant grandit: l'étude suggère en effet que les mères se rétablissent complètement lorsque leur troisième fille atteint l'âge de 11 ans. Fait intéressant: cette altération du bien-être psychique ne semble pas ressortir chez les pères qui ont eu trois enfants du même genre, que ces derniers aient eu trois filles ou trois garçons. «Il semble que les mères ne souhaitent pas avoir trop d'enfants du même sexe qu'elles», écrivent les auteurs de l'étude. Le phénomène concernerait donc spécifiquement les mères et le fait d'avoir trois filles.

Des stéréotypes de genre qui ont la vie dure

Selon l'étude, l'une des possibles explications à ce phénomène serait «la capacité de gain supérieure (et donc la sécurité économique) des garçons, qui persiste malgré les progrès en matière d'égalité des sexes«. En clair, le fait d'avoir au moins un garçon dans sa tribu serait plus rassurant aux yeux des mères. Les auteurs de l'étude précisent cependant qu'ils ne savent pas si ce constat ne ressort que dans le cadre de leurs recherches ou s'il traduit au contraire un phénomène plus généralisé au sein de la société.

Les préférences pour un garçon restent toutefois solidement ancrées dans certaines cultures, notamment dans des pays d'Asie de l'Est comme l'Inde, «où la préférence pour les garçons s'explique généralement par le fait qu'ils sont plus susceptibles de travailler et de s'occuper de leurs parents, en particulier lorsqu'ils sont âgés», rappellent les chercheurs. Le désir d'avoir un garçon peut également se manifester sous l'influence de certains stéréotypes de genre qui ont la vie dure, par exemple le fait de dire que les garçons sont «plus forts» ou «plus courageux» que les filles.

En Occident, c'est davantage la volonté d'avoir des enfants des deux genres qui prime. Certaines études dénotent toutefois une préférence pour les garçons de la part des parents: un sondage réalisé par l'Institut Gallup et publié en 2018 a démontré que 36% des Américains préféreraient avoir un garçon et 28% une fille. Même constat pour l'étude française de 2016 citée au début de cet article et qui fait état d'une légère préférence pour les garçons chez les parents les moins diplômés. Là encore, les stéréotypes de genre ne sont sans doute pas innocents dans cette histoire.