«Simplement trop de monde» Bali: la nouvelle taxe permettra-t-elle de préserver le paradis?

sda/Trad

14.2.2024

Bali a introduit mercredi une taxe touristique très discutée. L'argent des vacanciers doit également aider à résoudre le problème massif des déchets. Est-ce vraiment possible ? Impressions de l'île des dieux.

Fini la gratuité : Bali impose une taxe touristique depuis le 14 février 2024.
Fini la gratuité : Bali impose une taxe touristique depuis le 14 février 2024.
dpa

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14.2.2024

Les autorités de Bali ont choisi une période propice pour le lancement de leur taxe touristique, dont on parle depuis des mois. Le mois de février fait encore partie de la saison des pluies, c'est la basse saison. De violentes averses tropicales s'abattent presque chaque jour sur l'île.

Et même si le soleil brille à nouveau, l'île de vacances indonésienne avec ses célèbres temples et rizières en terrasses est beaucoup moins fréquentée qu'en juillet ou août, la haute saison. Cela vaut également pour l'aéroport I Gusti Ngurah Rai. Ici, il faut désormais payer 150'000 roupies - soit environ 9 euros - pour chaque personne entrant sur le territoire.

Il y a beaucoup moins de monde aux guichets des visas que pendant la saison sèche - un moment idéal pour tester si la nouvelle taxe allonge les temps d'attente ou gâche l'humeur de certains avant même le début des vacances. La Saint-Valentin comme date de lancement - hasard ou calcul? Les responsables n'ont pas répondu à cette question.

Haro sur les déchets

Le gouvernement a déclaré vouloir investir l'argent dans la protection de la nature et de la culture magnifiques de «l'île des dieux» ainsi que dans le tourisme durable et les prestations de service. Bali est la seule île à dominante hindoue de l'Indonésie musulmane et est célèbre pour ses traditions et ses rituels uniques.

Près de 70 pour cent des fonds devraient toutefois - au moins dans un premier temps - être consacrés à la maîtrise du problème des déchets. Car celui-ci est énorme. Les courants influencés par la mousson ramènent actuellement des montagnes de déchets sur le rivage de la célèbre plage de surf de Kuta.

Un homme marche près de déchets rejetés par de fortes vagues sur une plage de Kuta, à Bali, en Indonésie, le 11 avril 2023.
Un homme marche près de déchets rejetés par de fortes vagues sur une plage de Kuta, à Bali, en Indonésie, le 11 avril 2023.
KEYSTONE

Chaque jour, des bénévoles ramassent des tonnes de bouteilles, de gobelets et d'emballages qui sont ensuite transportés par camion. Mais le lendemain matin, les détritus s'amoncellent à nouveau.

Prendre un bain de soleil au milieu des déchets plastiques? Pas sûr que cette idée soit très ragoûtante pour les touristes. Les vacances de rêve ont une autre allure. Et Kuta n'est pas un cas isolé. «Même les attractions moins connues comme les chutes d'eau dans la jungle sont souvent totalement encombrées», explique le chauffeur de taxi Ketut Oka.

Embouteillages et gaz d'échappement

A cela s'ajoutent des routes constamment encombrées. Bali n'a pratiquement pas de transports publics - mais une quantité énorme de voitures et de scooters. Non seulement les habitants, mais aussi d'innombrables touristes traversent des lieux mondialement connus comme Canggu, Sanur ou Seminyak à bord de deux-roues pétaradants.

Lorsqu'il pleut, c'est souvent l'arrêt total. Une Canadienne qui vit sur l'île raconte, agacée, que les embouteillages durent des heures sur la route entre Uluwatu au sud et Ubud au centre, un point chaud de la communauté de yoga.

Non seulement les habitants, mais aussi d'innombrables touristes traversent des lieux mondialement connus comme Canggu, Sanur ou Seminyak à bord de deux-roues pétaradants.
Non seulement les habitants, mais aussi d'innombrables touristes traversent des lieux mondialement connus comme Canggu, Sanur ou Seminyak à bord de deux-roues pétaradants.
Imago

Des files de voitures interminables, des klaxons et des gaz d'échappement - le contraste avec l'atmosphère zen des rizières idylliques et des centres de bien-être ne pourrait pas être plus fort. Depuis longtemps déjà, le gouvernement prévoit un système ferroviaire qui devrait au moins relier l'aéroport à Kuta et à d'autres stations balnéaires du sud.

Les autochtones ne sont pas consultés

Bien que les médias balinais et internationaux parlent depuis des mois de la «taxe touristique», beaucoup de gens sur l'île n'en ont pas encore entendu parler. La plupart d'entre eux haussent les épaules lorsqu'on les interroge, et même les collaborateurs de la branche touristique réagissent avec surprise. «Je ne le savais pas du tout», dit Laksmi, qui travaille à la réception d'un hôtel à Ubud.

Mais elle doute que les fonds supplémentaires changent grand-chose à la situation. «Il y a tout simplement trop de monde à Bali, et les Balinais eux-mêmes jettent la plupart du temps leurs déchets dans le paysage - cela fait presque partie de la culture», raconte-t-elle. «Bali n'est pas Singapour, et cela ne sera jamais aussi propre ici».

De plus, presque chaque famille a «au moins deux voitures et trois motos». Même avec de l'argent, le problème de la circulation ne peut guère être maîtrisé.

Pour Kaela, une Australienne qui participe à un entraînement de yoga à Ubud, la taxe touristique est également une nouveauté. «Mais 150'000 roupies, c'est vraiment une petite somme, si nous pouvons ainsi aider à résoudre les problèmes, qui sont en grande partie causés par nous, les touristes, dit-elle, j'y participe volontiers».

Supplément aux frais de visa

Pour les personnes voyageant seules, la taxe peut paraître minime, mais pour les familles, elle représente une somme importante: en effet, le montant doit être déboursé en plus des 500 000 roupies (30 euros) pour un visa de 30 jours. La taxe touristique s'applique à tous sans exception, même aux enfants.

Ceux qui font un détour par les îles voisines comme les Gili Islands, Lombok ou Java doivent à nouveau payer lors de leur retour à Bali. Ce n'est en revanche pas le cas pour les courts séjours à Nusa Penida, Nusa Lembongan ou Nusa Ceningan, car ces trois îlots font partie de la province de Bali.

Le fait que l'Indonésie veuille en outre augmenter sensiblement la taxe sur les divertissements - ce qui devrait entraîner une hausse considérable des prix dans les bars, les boîtes de nuit et les spas à Bali - est un casse-tête supplémentaire pour de nombreux professionnels du secteur.

60 millions d'euros par an

Environ 18 000 vacanciers arrivent en moyenne chaque jour à Bali. Grâce à la taxe touristique, les autorités encaisseront ainsi environ 60 millions d'euros supplémentaires par an. Le gouverneur de la province, Sang Made Mahendra Jaya, n'a pas précisé jusqu'à présent dans quels projets ces sommes seront investies.

«Il est toutefois important pour les touristes étrangers de savoir que leur argent est utilisé pour la préservation de la culture et le traitement des déchets», a-t-il expliqué. Afin de réduire au maximum les temps d'attente à l'aéroport, il est conseillé aux vacanciers de payer la taxe à l'avance via le site web Love Bali ou l'application Love Bali.

Ceux qui préfèrent payer à l'arrivée peuvent toutefois le faire par carte de crédit. «Je ne peux qu'espérer que la ‹Tourism Tax› aidera Bali», déclare le Brésilien Marcel, qui vit sur l'île depuis quatre ans. Mais dans sa voix, on sent un certain scepticisme.