Le Café-Théâtre Barnabé de Servion (VD) est en deuil. Son fondateur, Jean-Claude Pasche, alias Barnabé, s'est éteint samedi à l'âge de 80 ans. Pendant plus de 50 ans, il avait monté des revues donnant à sa salle une atmosphère de cabaret parisien.
«Barnabé était un passionné qui savait donner vie à ses rêves les plus fous», écrivent sa famille, la fondation et la direction du café-théâtre dans un message sur les réseaux sociaux. Ses revues étaient «connues loin à la ronde pour leurs décors somptueux et leurs costumes grandioses».
Cet autodidacte inspiré a contribué à l'émergence de la comédie musicale professionnelle en Suisse romande. En 2016, il avait quitté la direction du théâtre. Homme de scène jusqu'au bout, Barnabé s'est produit pour la dernière fois à Servion en 2020 dans la comédie musicale «Sister Act», l'un des plus grands succès de la salle.
Le Conseil d'Etat vaudois rend hommage à Barnabé «pour tout ce qu'il a apporté à la culture de notre région», a-t-il écrit dans un communiqué dimanche. Vaud soutient le Théâtre Barnabé, car «c’est l’un des rares endroits de la région où sont joués et produits des spectacles musicaux de A à Z.»
Du resto au théâtre
L'aventure de Barnabé a commencé dans la tradition d'un restaurant familial. En 1965, «La Croix-Blanche» à Servion fêtait ses cent ans et ses propriétaires, Françoise et Jean-Claude Pasche, ont voulu marquer l'événement par une manifestation culturelle. La grange vide, à côté du café, pouvait servir de salle. La première saison a eu lieu au printemps de cette année-là.
C'est alors que Jacques Béranger, ex-directeur du Théâtre Municipal de Lausanne, a suggéré au restaurateur de reprendre la défunte Revue de Lausanne. Déplacée à Servion, la manifestation s'est totalement identifiée au jeune Café-Théâtre et lui a fourni sa carte de visite.
Homme-orchestre
Jean-Claude Pasche était un véritable homme-orchestre. Courant les scènes européennes, il y cherchait des artistes dans les domaines les plus divers pour les amener à son théâtre. Bernard Haller y a notamment fait ses débuts.
Passionné de théâtre, de musique, de cinéma, amoureux d'opérettes et de comédie musicales, Jean-Claude Pasche était aussi un inlassable collectionneur. Il avait donné à son premier orgue de Barbarie, acheté en 1963, le surnom de Barnabé. Le local où l'instrument était entreposé s'est naturellement appelé, chez Barnabé, avant que le nom ne s'impose au Café-Théâtre.
Collection de costumes
Sa collection comprend aussi plus de 7000 costumes confectionnés pour les revues et les comédies musicales. Egalement amateur de modélisme, il a construit une immense maquette de trains où s'entrelacent rails, ponts, tunnels et wagons multicolores à laquelle il a dédié une salle entière du théâtre. Une fondation, née en 2005, est chargée de pérenniser son théâtre et ses patrimoines.
Le théâtre a connu une mauvaise passe, étant au bord de la faillite vers 2017. Il a depuis remonté la pente, en se focalisant sur les comédies musicales. Engagé en 2018, le nouveau directeur a pour mission de continuer sur la voie des «grands spectacles musicaux».