Brésil Bolsonaro fait machine arrière sur la précarité menstruelle

ATS

8.3.2022 - 21:20

Une adolescente sur quatre au Brésil doit s'absenter de l'école plusieurs jours par mois, n'étant "pas en mesure d'avoir ses règles avec dignité", selon l'antenne brésilienne de l'ONG Girl Up (archive/image symbolique).
Une adolescente sur quatre au Brésil doit s'absenter de l'école plusieurs jours par mois, n'étant "pas en mesure d'avoir ses règles avec dignité", selon l'antenne brésilienne de l'ONG Girl Up (archive/image symbolique).
ATS

Le président brésilien Jair Bolsonaro a signé mardi un décret qui prévoit la distribution gratuite de serviettes hygiéniques à 3,6 millions de femmes pauvres. Cette décision intervient alors qu'il a, cinq mois plus tôt, opposé son véto à un projet de loi similaire.

La signature du décret, lors d'une cérémonie à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes à Brasilia, intervient à deux jours d'un vote au Parlement qui pouvait annuler le véto présidentiel.

En octobre, le président d'extrême droite avait essuyé de nombreuses critiques de la part d'opposants et de célébrités dans tout le pays pour avoir refusé de s'attaquer à la précarité menstruelle. Le projet de loi n'avait selon lui pas de source de financement défini, ce qu'ont démenti les auteurs du texte.

Si le projet de loi visait plus de cinq millions de bénéficiaires, le décret prévoit de fournir des serviettes hygiéniques à 3,6 millions de femmes et jeunes filles, y compris dans les écoles, avec un budget de 130 millions de réais.

Selon l'antenne brésilienne de Girl Up, ONG fondée par l'ONU en 2010, une adolescente sur quatre dans le pays doit s'absenter de l'école plusieurs jours par mois, n'étant «pas en mesure d'avoir ses règles avec dignité».

Dérapages machistes

Lors de son discours durant la cérémonie à Brasilia, le chef de l'Etat, coutumier des dérapages machistes, a dit espérer que «les femmes continuent de participer de plus en plus à l'avenir de la nation». «Si l'on dépendait des femmes, il n'y aurait pas de guerre dans le monde», a-t-il également affirmé.

Le président d'extrême droite doit également participer jeudi à un colloque sur «la participation féminine en politique» organisé par un think-tank politique. Mais un détail n'a pas échappé aux internautes et aux commentateurs dans les médias: les cinq conférenciers, dont deux ministres du gouvernement Bolsonaro, sont tous des hommes.

L'organisatrice de l'événement, Karim Miskulin, a assuré au site du journal Folha de S. Paulo que l'assistance sera entièrement composée de femmes. «Normalement, nous n'avons pas accès à ces autorités (...) car tous les groupes de pouvoir sont encore masculins», a-t-elle déclaré, pour justifier l'absence de femmes parmi les conférenciers.