Braquage de Chavornay «Du jour au lendemain, vous avez détruit sa vie»

gsi, ats

4.7.2022 - 12:24

Deux Genevois font face à la justice depuis lundi à Renens pour leur implication dans un braquage de convoyeurs de fonds à Chavornay (VD) en 2018. Tous deux minimisent, voire nient, leur participation à l'organisation du hold-up.

Deux Genevois font face à la justice depuis lundi à Renens pour leur implication dans un braquage de convoyeurs de fonds à Chavornay (VD) en 2018.
Deux Genevois font face à la justice depuis lundi à Renens pour leur implication dans un braquage de convoyeurs de fonds à Chavornay (VD) en 2018.
KEYSTONE

4.7.2022 - 12:24

Les deux hommes ne sont pas accusés d'avoir pris part à l'assaut, le 8 février 2008 dans un parking de Chavornay. C'est là que les deux convoyeurs, dont l'un était de mèche avec les malfrats, avaient été sommés de s'arrêter. Ils l'avaient fait sous la menace d'autres membres de la bande qui, dans le même temps à Lyon, avaient séquestré la fille du convoyeur. Un butin estimé à 25 millions de francs avait été dérobé.

Une quinzaine de suspects ont été arrêtés en lien avec ce braquage, la plupart en France, où ils n'ont pas encore été jugés. Le coup de filet de la police a aussi permis d'interpeller deux Suisses, les Genevois qui se retrouvent lundi sur le banc des accusés à Renens.

«Pas au courant»

Les deux trentenaires ont reconnu avoir pris part à des réunions préliminaires avec les futurs braqueurs, dès 2016. Ils ont toutefois assuré qu'ils n'étaient plus dans le coup lorsque l'attaque a été planifiée et perpétrée à Chavornay.

«J'ai pris connaissance du braquage dans le journal», a affirmé l'un d'eux. «J'ai participé à certains préparatifs, fait des repérages. Mais je n'étais pas au courant de ce plan final, je pensais que tout avait été annulé», a déclaré cet ancien loueur de voitures de luxe.

Le second prévenu a raconté, lui, que son rôle «s'était arrêté près d'un an» avant le hold-up. S'il a admis avoir fait passer des messages entre les membres de la bande, il ne savait pas vraiment de quoi il était question, selon ses dires. Quant aux réunions auxquelles il participait, il faisait uniquement «acte de présence».

Pas de nouveaux aveux

Les deux Genevois sont toutefois allés à Lyon, quelques jours après le braquage, pour retrouver l'un des instigateurs de l'attaque. Le premier y est allé pour réclamer 500'000 francs, sachant qu'il avait «aidé à un certain moment».

Pour le second en revanche, il n'était pas question d'argent. «J'ai fait ça pour rendre service», a-t-il répété.

Acculés de questions par le président du Tribunal et la procureure, mis face aux «incohérences» de leur récit et certaines «coïncidences» troublantes, les deux prévenus n'ont rien lâché. Malgré plusieurs mises en cause, y compris entre eux, ils s'en sont tenus à leurs déclarations initiales.

«Vie détruite»

Le convoyeur attaqué à Chavornay a aussi été interrogé lundi matin. Il a témoigné de ses difficultés à rebondir, mais surtout celles de sa fille qui avait été kidnappée pour l'obliger à arrêter son fourgon. «Elle avait plein de projets et, du jour au lendemain, vous avez détruit sa vie», a-t-il lancé aux deux accusés.

Il a aussi raconté avoir écrit en prison à son ancien collègue, celui qui l'avait trahi pour commettre ce braquage. «Comme ces deux individus, il nie tout», a-t-il rapporté.

Le procès se poursuit lundi après-midi à Renens, où la Cour criminelle du Nord vaudois a prévu de siéger durant trois jours.

Les deux Genevois, qui dorment en prison depuis 2019, doivent notamment répondre de tentative de brigandage et de brigandage qualifié. Des chefs d'inculpation pour lesquels ils risquent un maximum de 10 ans de détention.

Déjà une condamnation

L'attaque de Chavornay fait partie d'une série de braquages spectaculaires perpétrés sur des convoyeurs en terre vaudoise entre 2017 et 2019, au Mont-sur-Lausanne, Daillens, La Sarraz ou encore Nyon. Des attaques qui ont cessé depuis que le Conseil d'Etat vaudois a durci les règles pour le transport de fonds.

Si la plupart des suspects doivent être jugés en France, un premier procès s'est déjà tenu à Lausanne en mars dernier pour l'une des attaques du Mont-sur-Lausanne. Un Algérien, qualifié «d'homme de main» lors de l'assaut, a écopé de 11 ans de prison.

gsi, ats