Ukraine Le chef du 007 de Kiev veut venger l'agression de sa femme

phi/Trad

17.4.2024

En novembre, la femme de Kyrylo Budanov a été empoisonnée aux métaux lourds et hospitalisée. Le chef des services de renseignement de Kiev affirme savoir qui est à l'origine de l'attaque et évoque des représailles.

L'arme est à portée de main : Kyrylo Budanov dans son bureau à Kiev en juin 2022.
L'arme est à portée de main : Kyrylo Budanov dans son bureau à Kiev en juin 2022.
mago/USA Today Network

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17.4.2024

Kyrylo Budanov n'est pas un homme ordinaire. En 2020, Volodymyr Zelensky l'a nommé directeur du service de renseignement militaire ukrainien HUR (alias GUR) alors que ce natif de Kiev n'a que 38 ans.

Et Budanov jongle bien avec ses nouvelles fonctions. Le général de division a prédit l'agression russe contre l'Ukraine il y a deux ans. En janvier 2024, il a reçu le titre de Héros de l'Ukraine, la plus haute distinction de son pays.

Budanov est connu pour son caractère sobre: de nombreux mèmes circulant sur l'internet se moquent de son air toujours sérieux et de son manque d'expressions faciales.

«Avec le temps, tout le monde comprendra ce que cela signifie»

Mais pour le chef des 007 de Kiev, il n'y a pas de quoi rire lorsqu'il s'agit de sa femme: en novembre 2023, Marianna Budanova aurait été empoisonnée aux métaux lourds. La femme a dû passer quelques jours à l'hôpital. Il y a quelques semaines, son mari s'est confié au British Telegraph. «Elle va un peu mieux», répond Budanov lorsqu'on l'interroge sur l'état de santé de sa femme.

L'homme de 38 ans affirme qu'il sait ce qui s'est passé et qu'il réagira en conséquence. Il ne révèle pas comment Marianne a été empoisonnée: «Il faut du temps pour tirer ces choses au clair», dit-il, «avec le temps, tout le monde comprendra ce que cela signifie».

Effectifs renforcés

Comment les services de renseignement ont-ils évolué sous sa direction ? «Depuis le début de la guerre, nous avons considérablement augmenté nos effectifs», explique M. Budanov. Les groupes de combat et les unités de renseignement opérationnel et technique ont notamment été renforcés. Ces dernières comprennent également des unités de cybersécurité. «Pour nous, ce type d'aide est tout simplement inestimable».

Pour faire face à l'augmentation des données, il a fallu embaucher davantage d'analystes. Le HUR s'appuie également sur l'intelligence artificielle. Pour le chef du service de renseignement, il est important de ne pas devenir dépendant des pays étrangers: «Nous ne faisons pas peser sur les autres nos responsabilités et nos devoirs, et si quelqu'un essayait de le faire, je l'interdirais absolument».

Dans le même temps, le HUR coopère avec les services occidentaux et utilise «largement» leurs informations, affirme le jeune homme de 38 ans. «Mais cela ne remplace en aucun cas le travail que nous faisons. Il s'agit plutôt d'enrichir nos propres connaissances. La technologie des capteurs à longue portée de l'Occident est indispensable: «Ce type d'aide est tout simplement inestimable pour nous».

Qu'en est-il des activités des partisans dans les territoires occupés et sur le territoire russe, demande le journaliste britannique Dominic Nicholls : Budanov et ses hommes contrôlent-ils ces actions? «Dans certains cas, nous contrôlons la situation, alors qu'à d'autres moments, nous profitons des opportunités qui se présentent».

Coopération avec de «rares» partisans en Russie

Outre la collecte de renseignements, le travail des HUR consiste également à mener des opérations spéciales. La coopération avec les partisans n'est qu'une petite partie du travail des services de renseignement. «Malheureusement, il n'y a pas beaucoup de groupes de ce type en Russie», explique M. Budanov.

«Nous les aidons, nous les soutenons et nous interagissons avec eux. Parfois, nous leur demandons de mener à bien des activités. Mais la coopération n'est pas aussi étendue qu'il n'y paraît». Il en va de même pour l'Occident: «Nous disposons nous-mêmes de ressources suffisantes. Nous avons besoin d'aide, en particulier pour les problèmes stratégiques, et nous l'obtenons».

Le chef 007 de Kiev gagnera-t-il la guerre de l'information? l'interroge Nicholls. Mais Budanov ne baisse pas la garde: «Nous pourrons répondre à cette question lorsque la guerre sera terminée».