Espagne Carles Puigdemont visé par une enquête pour «terrorisme»

ATS

29.2.2024 - 18:48

La plus haute instance judiciaire espagnole a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête pour «terrorisme» contre Carles Puigdemont. Le dirigeant indépendantiste catalan est en pleines négociations avec le gouvernement espagnol sur une loi d'amnistie.

Carles Puigdemont a fui en Belgique en 2017 pour échapper à la justice espagnole (archives).
Carles Puigdemont a fui en Belgique en 2017 pour échapper à la justice espagnole (archives).
ATS

29.2.2024 - 18:48

Le Tribunal suprême s'est dit, dans un communiqué, «compétent» pour «ouvrir une enquête et, le cas échéant, poursuivre l'ancien président régional catalan Carles Puigdemont» pour «des délits de terrorisme en relation avec les faits visés par l'enquête sur 'Tsunami démocratique'».

«Tsunami démocratique» est le nom d'une mystérieuse plateforme ayant appelé à protester contre la condamnation le 14 octobre 2019 de neuf dirigeants indépendantistes à la prison pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017. Des milliers de militants avaient notamment fait le blocus de l'aéroport de Barcelone ce jour-là.

Cette organisation avait également été à l'origine de coupures de routes en Catalogne dans un contexte de fortes tensions marqué par des scènes de guérilla urbaine dans cette même ville.

Dans son communiqué, le Tribunal suprême, qui a nommé une juge d'instruction pour enquêter sur cette affaire, ajoute qu'il n'y a «aucun doute que les faits dont est accusé 'Tsunami démocratique' relèvent du terrorisme».

Plusieurs indices

Selon lui, «plusieurs indices accréditent la participation aux faits de Carles Puigdemont», qui «a été informé dès le début de la création de ce nouveau groupe organisé en vue de subvertir l'ordre constitutionnel et de gravement déstabiliser les institutions démocratiques».

Outre M. Puigdemont, qui a fui en Belgique en 2017 pour échapper à la justice espagnole, cette enquête vise également Rubén Wagensberg, un élu au Parlement régional catalan, qui a également quitté l'Espagne il y a peu pour éviter des poursuites.

Dans un message sur le réseau social X, Carles Puigdemont a ironisé sur l'ouverture de cette enquête.

«On m'accuse de terrorisme le jour même où l'on m'accuse d'avoir reçu une Rolex de 7000 euros en cadeau», a-t-il dit, faisant allusion à un article paru jeudi sur un site web espagnol. «Il ne manquerait plus qu'on me découvre un compte au Panama», a-t-il ajouté.

S'adressant à la presse à Barcelone, un porte-parole de son parti, Josep Rius, a, pour sa part, accusé le Tribunal suprême de «descendre dans l'arène politique en essayant d'interférer avec la volonté du législateur», une allusion au projet de loi d'amnistie qui devrait être soumis prochainement à un vote du Parlement.

Négociations autour d'une loi d'amnistie

L'annonce de l'ouverture de cette enquête intervient, en effet, en pleines négociations sur cette mesure entre le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez et la formation de M. Puigdemont, Junts per Catalunya (JxCat).

L'amnistie de centaines d'indépendantistes impliqués dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017 avait été exigée par JxCat en échange du soutien de ses sept députés à la reconduction de M. Sánchez pour quatre ans à la tête du gouvernement en novembre dernier.

En l'absence d'amnistie, M. Puigdemont serait immédiatement arrêté s'il retournait en Espagne.

Une première version du projet de loi d'amnistie avait été rejetée le 30 janvier par le Parlement en raison de l'opposition des députés de JxCat, qui estimaient que le texte n'allait pas assez loin et risquait de ne pas bénéficier à toutes les personnes concernées, à commencer par M. Puigdemont.

Le texte a donc été renvoyé à la commission de la Justice de la Chambre des députés pour y être modifié avant la date-limite du 7 mars.

Concrètement, JxCat veut que le projet de loi garantisse l'application de l'amnistie aux personnes accusées de «terrorisme», sans exception possible, ou de «trahison», car M. Puigdemont est également menacé de poursuites pour ce dernier délit.

Un magistrat de Barcelone soupçonne, en effet, l'indépendantiste d'avoir cherché en 2017 à obtenir le soutien du Kremlin à une éventuelle indépendance de la Catalogne.

Ce juge a assuré en janvier disposer de «données» confirmant les «relations personnelles étroites» entre des proches de l'indépendantiste et des personnes occupant à l'époque «des fonctions diplomatiques ou (ayant) des liens avec les services secrets russes».

ATS