Maladies potentiellement mortelles Ce danger qui menace toujours plus les animaux domestiques

AFP

27.6.2024

Le dérèglement climatique n'épargne pas les chiens et les chats domestiques désormais confrontés toute l'année aux puces et aux tiques, des parasites suceurs de sang qui peuvent leur transmettre des maladies potentiellement mortelles.

Le dérèglement climatique n'épargne pas les chiens et les chats domestiques (image d’illustration).
Le dérèglement climatique n'épargne pas les chiens et les chats domestiques (image d’illustration).
IMAGO/Westend61

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L'adoucissement des hivers favorise en effet la présence tout au long de l'année des insectes et acariens et non plus seulement à la belle saison, explique à l'AFP Éric Guaguère, docteur vétérinaire spécialiste en dermatologie et membre de l'Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (AFVAC), contacté par téléphone.

«Il y a la chaleur, mais aussi l'humidité», détaille le spécialiste. «Une température à 18 degrés couplée à un taux d'humidité moyen font que les puces sont maintenant là tout au long de l'année. Et pour les tiques c'est un petit peu la même chose.»

«Avant on voyait surtout les gens venir demander conseil sur le sujet au printemps, mais maintenant ils viennent même en plein cœur de l'hiver», confirme Carole Archer, auxiliaire spécialisée vétérinaire depuis 17 ans et originaire de Pau, interrogée à l'occasion d'une conférence de presse du groupe pharmaceutique MSD Santé animale sur le sujet.

Une recrudescence loin d'être anodine, puisque ces parasites peuvent être particulièrement nuisibles à nos compagnons à quatre pattes. Outre les démangeaisons et le risque de réactions allergiques, les tiques peuvent notamment transmettre par morsure des bactéries ou des parasites, responsables de maladies parfois graves comme la piroplasmose ou la maladie de Lyme.

«Casser le cycle»

La piroplasmose, qui peut être mortelle si elle n'est pas traitée à temps, «était autrefois cantonnée avant tout dans le Sud-Ouest et en Bretagne. Maintenant, on en voit partout. Et ça, bien sûr, c'est lié au réchauffement climatique», souligne M. Guaguère.

C'est pourquoi il est primordial de rester vigilant, en inspectant minutieusement son animal et surtout en donnant un traitement antiparasitaire régulièrement tout au long de l'année, a martelé le docteur Amaury Briand, vétérinaire spécialisé en dermatologie, lors de la conférence de presse.

Or, si 90% des propriétaires de chien déclarent avoir déjà utilisé un produit antiparasitaire externe, seule la moitié d'entre eux sont attentifs au renouvellement du traitement, selon une enquête OpinionWay réalisée en mars 2024 auprès de 1.000 propriétaires de chiens pour MSD Santé Animale.

En moyenne, les animaux ne sont protégés que 3,8 mois par an, estiment leurs propriétaires. Ce qui est loin d'être suffisant pour «casser le cycle» de reproduction des parasites et protéger son animal, estime M. Briand, qui insiste sur la nécessité de faire appel aux vétérinaires, qui sauront déterminer le traitement le plus adapté.

Pas question par exemple d'administrer à son chat une dose moins forte d'un anti-parasitaire dédié aux chiens, explique-t-il. Les traitements externes pour chiens à base de perméthrine peuvent notamment être mortels pour les chats, alertait en 2019 l'agence sanitaire Anses.

Des traitements au cas par cas

«C'est à adapter au mode de vie de l'animal. Le traitement ne va pas être le même pour un chien d'appartement qui ne voyage pas que pour un chien de chasse qui vit avec d'autres animaux et qui va en forêt ou encore pour un chien du Sud-Est où il existe un risque de transmission de leishmaniose plus important», abonde M. Guaguère.

C'est justement parce qu'il se rend régulièrement dans le sud de la France qu'Alexis Christidis, rencontré dans un cabinet vétérinaire parisien, fait régulièrement vacciner Oz, son Shiba de cinq ans, contre cette maladie chronique - voire mortelle - transmise par le phlébotome, un moucheron très présent sur le pourtour méditerranéen.

«Quand vous avez une bête, vous avez envie d'en prendre soin», justifie ce conseiller en vente de 30 ans qui donne en plus tous les mois un comprimé anti-parasitaire à son chien.

À l'inverse Marcel Tessier, 33 ans, un habitué de ce même cabinet vétérinaire, n'a jamais administré ce genre de traitement préventif à son chat Romus. Il n'en voit pas la nécessité, puisque le Main Coon roux de quatre ans ne quitte jamais son appartement parisien.

Ça ne signifie pas forcément que son fidèle compagnon ne sera jamais affecté, alerte Marion Pierret, auxiliaire vétérinaire de ce cabinet du 18e arrondissement de Paris, car Marcel peut très bien rapporter des puces de l'extérieur par exemple. Mieux vaut prévenir que guérir, insistent les spécialistes.