Hécatombe au Mexique «C’est très triste» - Les singes hurleurs tombent sous l'effet de la chaleur

AFP

23.5.2024

Des bénévoles s'empressent de déposer nourriture et eau au pied des arbres dans le sud du Mexique, en proie à une forte vague de chaleur. Mais cette aide arrive trop tard pour de nombreux singes hurleurs.

Sous l'effet de la chaleur, les singes hurleurs perchés dans les hauts arbres de la forêt tropicale s'évanouissent.
Sous l'effet de la chaleur, les singes hurleurs perchés dans les hauts arbres de la forêt tropicale s'évanouissent.
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23.5.2024

Dans une petite fosse commune, des habitants de l'État de Tabasco ont recouvert de chaux plusieurs primates décédés. «C'est très triste. Ils ont enterré environ 30 singes dans la fosse», déclare à l'AFP la bénévole Bersabeth Ricardez.

Sous l'effet de la chaleur, les singes hurleurs perchés dans les hauts arbres de la forêt tropicale s'évanouissent et font des chutes jusqu'à 20 mètres de hauteur et meurent, explique Victor Morato, directeur de l'hôpital vétérinaire de la ville de Comalcalco.

Avec ses équipes, il a soigné huit singes hurleurs amenés par des habitants, dont plusieurs arrivés avec une température corporelle de 43 degrés. «Lorsqu'ils sont arrivés ici, agonisants, ils nous ont tendu la main comme pour nous dire +aidez-moi+. J'avais une boule dans la gorge», raconte-t-il à l'AFP. Par dizaines, des singes morts ont également été retrouvés dans l'État voisin du Chiapas.

Une situation d'autant plus préoccupante que le hurleur mexicain (Alouatta palliata mexicana) et le hurleur du Guatemala (Alouatta pigra) sont considérés comme des espèces menacées par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Le hurleur à manteau (Alouatta palliata), qui vit également dans le sud du Mexique ainsi qu'en Amérique centrale et en Amérique du Sud, est classé comme vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées.

Chaleur record

Sans donner de décompte exact, le ministère mexicain de l'Environnement dit enquêter pour déterminer exactement les causes de ces décès: coup de chaud, déshydratation, malnutrition ou fumigation des cultures avec des pesticides. Les études entendent également écarter l'hypothèse d'un virus ou d'une maladie.

Mais pour le bénévole Leonardo Sanchez, qui parcours la forêt de Comalcalco pour déposer fruits et eau au pied des arbres où vivent cachés dans l'épais feuillage des singes hurleurs, pas de doute, «c'est à cause de la hausse des températures». Le thermomètre a atteint près de 50 degrés ces dernières semaines, affirme cet étudiant en biologie de 22 ans.

Des records de chaleur sont battus ces derniers jours au Mexique. A Gallinas, dans le nord-est du pays, 49,6 degrés ont été enregistrés par une station météorologique le 10 mai.

Le président Andres Manuel Lopez Obrador, originaire de Tabasco, affirme aussi qu'il s'agit de températures inédites. «Depuis que je visite ces États, je ne les ai jamais autant ressenties qu'aujourd'hui», a-t-il dit lundi lors de sa conférence de presse traditionnelle.

Sur les huit singes soignés à l'hôpital vétérinaire, quatre ont retrouvé leur habitat naturel et quatre restent hospitalisés, dont «Bernabé», le cas le plus grave, qui peut à peine garder les yeux ouverts.