Royaume-UniCharles III atteint d'un cancer: comment la monarchie va s'adapter
AFP
6.2.2024
Atteint d'un cancer, le roi Charles III va rester à l'écart de la vie publique pour suivre son traitement. Qu'est-ce que cela change pour la monarchie britannique?
AFP
06.02.2024, 15:13
AFP
Quelles sont les fonctions du roi?
Charles III est chef d'Etat du Royaume-Uni mais aussi de 14 autres pays du Commonwealth, du Canada à l'Australie en passant par la Jamaïque.
Ses fonctions sont essentiellement protocolaires et il n'est pas censé intervenir dans le débat politique. Mais il doit pouvoir promulguer les lois, nommer un Premier ministre, ouvrir les sessions parlementaires notamment.
Il a aussi des fonctions diplomatiques, un front sur lequel Charles III, 75 ans, s'est montré très actif depuis qu'il a accédé au trône il y a 17 mois, recevant des chefs d'Etat en visite, se déplaçant en Allemagne, en France et au Kenya et prononçant un discours lors de la conférence sur le climat COP28.
William et Camilla en première ligne
Au quotidien, les Britanniques voient surtout les membres actifs de la famille royale parcourir le pays avec des centaines de visites tous les ans dans des associations, des services publics ou pour des inaugurations. Ils soutiennent des initiatives dans l'aide aux sans-abri, l'encouragement à la lecture ou la protection de la nature.
Pour une institution qui a pour mantra «Il faut être vu pour être cru», c'est dans ce domaine que l'absence de Charles III sera la plus frappante. Il se montrait particulièrement actif depuis son arrivée sur le trône, et même, dans son statut d'héritier d'une Elizabeth II à la santé déclinante.
Ce vide a rendu la reine Camilla très présente ces dernières semaines, alors que le roi était arrêté pour une intervention de la prostate, lors de laquelle son cancer a été détecté. A 76 ans, elle a gardé un programme très chargé, même ces derniers jours lorsque le cancer était déjà diagnostiqué, distillant des nouvelles rassurantes.
En tant qu'héritier, William, 41 ans, va se retrouver en toute première ligne. Mais son épouse Kate, très populaire, est hors jeu, en longue convalescence, au moins jusqu'à fin mars, après une mystérieuse opération de l'abdomen mi-janvier.
William s'était lui-même mis en retrait ces dernières semaines pour rester au chevet de Kate et s'occuper de leurs trois enfants. Son retour est prévu mercredi avec des remises de décorations et un gala de charité. Selon la presse britannique, il va reprendre une partie des responsabilités de son père.
L'absence simultanée de deux «royals» met en lumière la baisse du nombre de membres actifs de la monarchie, liée à une volonté de modernisation mais aussi aux scandales qui ont conduit au retrait du prince Andrew, frère du roi qui avait été accusé d'agressions sexuelles qu'il nie, et d'Harry, fils cadet de Charles en froid avec la famille.
Charles continue de gérer les «affaires d'Etat»
Traité à domicile selon la presse britannique, Charles «continuera de s'occuper des affaires de l'État et des tâches administratives comme d'habitude», selon le palais.
Le Premier ministre Rishi Sunak, avec qui il s'entretient une fois par semaine, a déjà assuré «communiquer avec lui comme d'habitude».
Selon la presse britannique, le roi continue de recevoir sa fameuse «boîte rouge» tous les matins avec des documents officiels, et de tenir des réunions avec ses conseillers. Il peut aussi tenir des visioconférences, comme le faisait la reine pendant la pandémie.
Le biographe de la famille royale Robert Hardman a estimé sur la BBC que «le fonctionnement au jour le jour de la monarchie ne va pas changer», même si le roi va rester à l'écart du public pour protéger sa santé.
«Cela n'empêche pas de faire des choses, il n'y pas d'inquiétude constitutionnelle», a-t-il assuré.
Et si le roi n'est plus en capacité de travailler?
Le monarque peut être remplacé par deux «conseillers d'Etat» tirés d'une liste comprenant la reine, l'héritier et certains membres de la famille comme sa soeur Anne ou son frère Edward. Afin de clarifier la situation, la famille royale a précisé devant le Parlement fin 2022 que «seuls ses membres actifs» pouvaient «en pratique» agir comme conseillers d’État, excluant de fait Harry et Andrew.