FranceCondamné pour l'agression raciste d'un livreur
ATS
8.7.2021 - 21:33
Un jeune homme a été condamné jeudi par la justice française à deux ans de prison pour l'agression d'un livreur noir puis des insultes racistes adressées à une riveraine fin mai à Cergy, près de Paris, des faits qui avaient déclenché une chasse à l'homme en ligne et hors ligne.
Keystone-SDA
08.07.2021, 21:33
ATS
D'un tempérament bouillant, le prévenu âgé de 23 ans a été déclaré coupable par le tribunal de Pontoise de violences, injures publiques à caractère raciste et apologie de crime contre l'humanité.
Arrêté deux jours après les faits, il a été placé en détention provisoire, à l'isolement pour sa sécurité.
«On a fait mon procès sur Insta' (Instagram), sur les réseaux, en détention, dehors...», s'agace d'emblée le prévenu, prompt à l'énervement, vêtu à cette audience survoltée d'un T-shirt de sport noir. «Là, aujourd'hui, c'est le vrai. Donc on se calme», réplique aussitôt le président.
Le 31 mai, vers 23h00, un livreur de la plateforme UberEats vient récupérer une commande au restaurant «Le Brasco» de Cergy. Devant l'établissement, Mourad D. attend une pizza qu'il a commandée. Le jeune homme s'énerve du volume sonore de l'enceinte transportée par le livreur sur son vélo.
«Le mec s'est présenté devant moi, il m'a dit d'éteindre la musique. J'ai baissé la musique et il me met un coup de poing», décrit d'une petite voix à la barre la victime.
Dans le box, le prévenu, né en Algérie, reconnaît la violente agression mais dément tout caractère raciste.
Le tumulte provoqué par cette altercation alerte une voisine noire habitant au-dessus du Brasco. La femme interpelle Mourad D., qui déverse alors sur elle des tombereaux d'insultes racistes tandis qu'elle le filme avec son téléphone portable: «espèce de négresse, espèce de sale noire (...). Pendant 800 ans, on vous a vendus comme du bétail», martèle-t-il, en référence à la traite négrière arabo-musulmane.
Tête mise à prix
Postées sur les réseaux sociaux, les vidéos propulsent l'affaire dans une nouvelle dimension. Le nom et l'adresse du suspect sont jetés en pâture sur internet. Une cagnotte en ligne est même ouverte pour mettre sa tête à prix.
«On a appelé mon meilleur ami et on lui a proposé 2.000 euros pour qu'il dise où j'étais !», s'exclame Mourad D., que son avocat tente régulièrement de tempérer.
Sur internet, le Brasco – qui n'a aucun lien avec les faits – est inondé de commentaires l'accusant de racisme.
A l'appel du collectif Brigade antinégrophobie, près de 150 personnes s'étaient rassemblées devant le Brasco, croyant l'agresseur employé par le restaurant. «Sors le mec, on va le cramer», y entend-t-on sur une vidéo diffusée au procès.