«Je regrette ce qui s'est passé» Un avocat valaisan finit derrière les barreaux

zd, ats

26.1.2023 - 15:21

Un avocat valaisan de 37 ans a été condamné jeudi à Martigny pour avoir mis en oeuvre divers stratagèmes dans le but de soustraire son frère cadet à la justice, accusé d'infractions contre l'intégrité sexuelle. L'homme écope de trente mois de prison, dont six ferme.

Un avocat valaisan de 37 ans a été condamné jeudi à Martigny pour avoir mis en oeuvre divers stratagèmes dans le but de soustraire son frère cadet à la justice.
Un avocat valaisan de 37 ans a été condamné jeudi à Martigny pour avoir mis en oeuvre divers stratagèmes dans le but de soustraire son frère cadet à la justice.
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Keystone-SDA, zd, ats

«Il est indéniable que le comportement de l'accusé était totalement intolérable et indigne d’un avocat. Il a utilisé sa profession pour faire pression sur diverses personnes durant plusieurs mois. Seule sa mise en détention préventive aura mis fin à ses agissements», relève la présidente de la cour, au moment de valider l'accord négocié entre le ministère public et la défense, dans le cadre d'une procédure simplifiée.

En marge de l'instruction ouverte en juin 2017 contre son frère, l'ex-avocat a approché plus d'une quinzaine de personnes en lien avec l'affaire. Il en a convaincu quatre de faire de faux témoignages visant à disculper son frère. Ceux-ci sont finalement revenus sur leurs dires, affirmant qu'ils avaient été contactés et incités à mentir. Ils ont par la suite été condamnés notamment pour faux témoignages.

Le trentenaire a également tenté de discréditer le travail de la police en incitant huit personnes à signer des attestations mensongères. Il a aussi menacé deux des femmes qui accusaient son frère d'agression sexuelle. «On aurait pu attendre de vous que vous fassiez preuve de retenue et de conscience et que vous utilisiez vos talents d’avocat pénaliste pour aider votre frère plutôt que de sombrer dans ce genre de manoeuvres», lance la présidente de la cour.

«Pas les idées claires»

Jeudi devant les trois juges, l'homme a reconnu les faits, accepté les qualificatifs juridiques et les sanctions. «Réalisez-vous la gravité de vos actes et leur impact sur les victimes», lui demande la présidente. Oui, répond le prévenu. Ces faits se sont produits à un moment de sa vie lors de laquelle il n'avait «pas forcément les idées claires», ajoute-t-il.

L'homme, qui a cessé d'être avocat de son propre gré au début 2022, n'a pas de projet actuellement. «Je n'ai pas d'activité lucrative, je prends du temps pour moi en Valais et à l'étranger pour des raisons médicales», indique-t-il. A-t-il des paroles à adresser aux parties plaignantes – toutes présentes lors de l'audience? «Je me suis déjà excusé auprès de chacune d'entre elles. Je regrette ce qui s'est passé. Il ne me semble pas nécessaire de réitérer mes excuses».

«Vous vous en sortez bien»

Au final, celui qui a nié les faits jusqu'à la fin de l'enquête avant de les reconnaître et de demander d'être jugé en procédure simplifiée écope de 30 mois de prison dont six mois ferme. Sa peine est assortie d'un sursis de trois ans. Il devra également payer un total de 50'000 francs aux quatre personnes qui ont porté plainte contre lui pour tort moral et frais de défense dans cette procédure. Il devra également payer plus de 21'000 francs des frais de justice.

«Vous vous en sortez bien. Le ministère public a été clément et vous le savez. J'espère que la cour ne s'est pas trompée en validant cette procédure simplifiée», relève la présidente, en rappelant que l'ex-avocat a d'autres procédures en cours pour menaces et contrainte. Si la juge estime que la peine est clémente, les mots sont durs.

Elle parle de «faute très grave», de violation «crasse» de la loi suisse, estime aussi que le prévenu a «fait preuve d'une posture de toute-puissance sans aucune considération pour les victimes et leur famille». Il vous appartient de reprendre désormais le cours de votre vie avec honnêteté, conclut-elle.