«Diversité relationnelle» Couple, «sexfriend», «coup d'un soir»: des jeunes aux relations multiples

Relax

23.6.2024 - 15:32

(AFP) – Couple, «sexfriend», «coup d'un soir»: le «répertoire» des relations intimes des moins de trente ans est varié, avec une nette majorité ayant vécu en couple dans l'année, selon une étude de l'Ined.

le "répertoire" des relations intimes des moins de trente ans est varié, avec une nette majorité ayant vécu en couple dans l'année
le "répertoire" des relations intimes des moins de trente ans est varié, avec une nette majorité ayant vécu en couple dans l'année
Urbanscape / Getty Images

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«Cette diversité relationnelle s’oppose aux discours convenus, tant ceux qui présagent +la mort du couple+ que ceux annonçant une génération +no sex+ devenue prude ou prudente», notent les chercheurs de l'Ined.

«La jeunesse contemporaine est au contraire un moment relationnel intense. Le couple y occupe une place centrale mais coexiste avec des histoires éphémères et des relations qui brouillent les frontières entre amitié et sexualité», soulignent-ils.

C'est la première étude tirée de l'enquête Envie, réalisée en 2023 par l'Institut national d'études démographiques sur 10.000 jeunes de 18 à 29 ans. Envie est la première enquête en France à s'intéresser spécifiquement à la sexualité de cette classe d'âge, leurs relations, pratiques ou orientation sexuelle.

«Alors qu'on a dit que cette génération a peu d'intérêt pour la sexualité, il apparaît que quatre sur cinq ont eu une relation intime dans l'année précédente», explique à l'AFP Marie Bergström, responsable scientifique de l'enquête Envie.

«Nous ne constatons pas, comme on le dit parfois, de rejet de la conjugalité: deux tiers des jeunes (66%) ont vécu une relation de couple dans l'année: 72% des femmes et 60% des hommes, note-t-elle.

Mais moins d'un tiers de ceux en couple cohabitent, 9% sont pacsés et 7% mariés.

«L'insécurité de l'emploi et financière le rendent plus difficile, mais ils expriment, à une écrasante majorité, l'envie de vivre ensemble», explique Mme Bergström.

A côté du couple (66%), il y a un «répertoire» de relations: «le coup d'un soir» (21%) ou la relation sexuelle suivie ou «plan cul» (15%).

26% des hommes et 16% des femmes ont connu une «histoire d'un soir», généralement sans sentiment amoureux.

- une jeunesse qui dure plus longtemps -

Ils se rencontrent souvent (30%) dans des lieux publics (boîtes, bars, festivals...) et sur les sites de rencontre (21%), alors que les couples se rencontrent sur le lieu d'étude et de travail ou par le biais d'amis. Seuls 11% des couples se sont rencontrés par des applis.

Entre les deux, pour 15% des jeunes, il y a une relation sexuelle suivie mais pas engageante, que les personnes interrogées nomment «plan cul», «sexfriend», «flirt», «friends with benefits"ou «amitié avec un plus».

Dans ces relations qui brouillent la frontière entre amitié et sexualité, 29% sont «plutôt» ou «très» amoureux, 70% «pas vraiment» ou «pas du tout» amoureux, sans différence de genre notable.

«Ces relations sont favorisées par le fait que jeunes gens et jeunes filles vivent aujourd'hui dans des milieux d'étude et de travail mixtes et nouent des amitiés avec l'autre sexe», note Mme Bergström.

«Certains font des rencards puis ne se parlent pas jusqu’au prochain rencard; d'autres se parlent en permanence et de temps en temps ont une relation; d'autres n'ont une relation que lorsqu'ils se croisent par hasard, en soirée», témoigne pour l'AFP Arthur (prénom modifié à sa demande), étudiant de 21 ans, en relation «exclusive et stable» depuis ses 14 ans.

«Je n'ai jamais été vraiment en couple de manière sérieuse, mais j'ai très envie de vivre ça», témoigne à l'AFP Martin (prénom modifié), bisexuel de 24 ans, qui en revanche a «connu plusieurs plans cul».

Les hommes sont plus nombreux à avoir eu dans l'année une «histoire d'un soir», les femmes à avoir été en couple. Les «sexfriends» se retrouvent à part égale chez les deux sexes.

Les jeunes interrogés peuvent avoir vécu plusieurs de ces schémas dans l'année.

21% des jeunes n'ont connu aucune de ces relations dans l'année (24% des hommes, 17% des femmes, 38% des personnes qui se déclarent «non binaires").

Cette diversité de relations s'explique par l'allongement de la période de jeunesse par rapport à une époque où l'on se mariait tôt.

«Les étapes de passage à l'âge adulte – fin des études, premier emploi stable – ont été repoussées ces dernières décennies. L'installation conjugale est plus tardive. En attendant, les jeunes expérimentent», explique la chercheuse de l'Ined.