Procès à Muttenz Crash mortel d'un F/A-18: peines de prison requises avec sursis

gf, ats

5.1.2024 - 17:12

Le procureur militaire a requis des peines de prison avec sursis d'un an et de neuf mois contre les deux prévenus du crash mortel d'un F/A-18 au col du Susten. Le contrôleur aérien a dit avoir réalisé trop tard son erreur. Le pilote co-accusé a nié toute culpabilité.

Le F/A-18 du pilote de 27 ans en formation s'est écrasé contre une paroi rocheuse, à quelques mètres de son sommet, près du col du Susten (archives).
Le F/A-18 du pilote de 27 ans en formation s'est écrasé contre une paroi rocheuse, à quelques mètres de son sommet, près du col du Susten (archives).
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Au deuxième jour du procès du crash mortel d'un F/A-18 au col du Susten, le Tribunal militaire 2 a interrogé vendredi à Muttenz (BL) les deux prévenus accusés d'homicide par négligence.

L'aiguilleur du ciel de Skyguide, basé à Meiringen (BE) d'où la patrouille de deux F/A-18 a décollé le 29 août 2016, a ordonné par erreur une altitude minimale de vol trop basse au second pilote (10'000 pieds au lieu de 15'000). Ce dernier est mort dans un crash contre une paroi rocheuse dans des conditions de visibilité mauvaises.

«Lapsus» du contrôleur aérien

«Je suppose que j'ai fait un lapsus», a dit le prévenu au Tribunal militaire 2 réuni à Muttenz (BL). Il ne s'en est rendu compte qu'en parlant avec la centrale d'intervention, a ajouté le contrôleur aérien.

Il a alors tenté d'avertir son collègue basé à Dübendorf (ZH), qui avait pris le relais, mais il était trop tard. Le crash est survenu sur sol bernois, à une altitude de 3319 m, soit onze mètres sous la crête, 58 secondes après l'indication erronée de l'altitude minimale à observer. Les juges d'instruction n'ont pas pu se baser sur la boîte noire détruite.

Séparation des ordres de vol

Comme le pilote leader de la patrouille, aussi accusé, n'a pas respecté la procédure de décollage prescrite, son camarade en formation n'a pas pu se brancher sur le même radar, selon l'acte d'accusation. Constatant que les échos radar des deux avions se touchaient, le contrôleur aérien de Skyguide a décidé «instinctivement» de donner des instructions de vol séparées.

«Si je ne l'avais pas fait, les deux avions de chasse se seraient peut-être percutés», a souligné le prévenu. Ce dernier s'est alors concentré sur cette séparation des instructions de vol. «C'est ma mission principale», a-t-il rappelé. Et d'ajouter que la situation l'avait mis dans un niveau de stress «élevé».

Le pilote leader nie toute culpabilité

Si le contrôleur du ciel admet son erreur, il en va tout autrement du pilote formateur qui emmenait la patrouille devant son jeune camarade décédé. «Monsieur le président, je ne suis pas coupable», a-t-il dit d'emblée au juge principal qui l'interrogeait.

Face au reproche de l'accusation de ne pas avoir respecté la procédure de vol au décollage en volant à une vitesse plus faible que ce que prévoyaient les directives, il a répondu: «Je ne suis pas d'accord – ma vitesse n'était pas trop faible.»

Il a dit aussi avoir entendu les deux annonces de décrochage du radar de l'autre avion. «Il ne s'agit pas d'une situation d'urgence à laquelle il faut réagir dans l'agitation», a-t-il contré. Ce d'autant moins qu'il ne pouvait pas intervenir, vu qu'il ne téléguidait pas son poursuivant, a expliqué le pilote.

Pilote co-responsable, selon l'auditeur

L'auditeur (procureur militaire) ne l'entend pas de cette oreille. Si le pilote leader de la patrouille n'avait pas violé les règles de précautions à l'égard de son jeune camarade au décollage, ce dernier n'aurait pas été forcé de contacter le contrôleur aérien pour recevoir ses ordres, estime le procureur.

Ce dernier a donc demandé à la Cour de reconnaître les deux accusés coupables notamment d'homicide par négligence. L'auditeur requiert une peine d'un an avec sursis contre le contrôleur aérien et de neuf mois avec sursis contre le pilote. La période probatoire requise est de deux ans, la plus courte possible, car les deux prévenus ont tenté de corriger leur erreur.

Les deux hommes sont accusés d'homicide par négligence, d'inobservation des prescriptions de service par négligence, d'entrave à la circulation publique par négligence ainsi que d'abus et dilapidation de matériel par négligence. Leur procès doit se terminer mardi, jour du jugement.