Crimes de guerreLes premiers témoins déposent à Bellinzone
aula, ats
15.2.2021 - 11:42
Le procès pour crimes de guerre d'un ancien commandant libérien a repris lundi matin devant le Tribunal pénal fédéral. Un premier témoin a été interrogé par la Cour des affaires pénales.
«On ne disait pas non aux rebelles, a expliqué le témoin. Il n'y avait rien à faire contre ces hommes armés.» Autrement dit, les civils étaient forcés d'obéir, qu'il s'agisse de fournir des biens ou des vivres. Ou encore lorsque les soldats emmenaient des femmes pour les violer.
S'exprimant très doucement en anglais, le témoin a rapporté aussi que les groupes armés ont tous recruté des enfants-soldats. Qu'il s'agisse du NPFL (National Patriotic Front of Liberia) de Charles Taylor ou de l'ULIMO (United Liberation Movement of Liberia for Democracy) auquel appartenait le prévenu.
Massacre indiscriminé
Interrogé sur le Black Monday, cet homme a parlé d'un évènement unique qui a marqué les esprits – jusqu'en Guinée où il se trouvait alors – par l'ampleur des massacres. À cette occasion, un grand nombre d'hommes, mais aussi de femmes, d'enfants et de vieillards auraient trouvé la mort.
«Chief Kosiah», c'est le nom que donnaient les hommes de l'ULIMO à l'accusé, a expliqué le témoin. Qui a appris son prénom en Suisse seulement lorsqu'il a été entendu par les enquêteurs. À l'époque, Alieu Kosiah lui avait fait une impression effrayante, par ses «yeux perçants» en particulier.
Obtenir justice
L'homme a expliqué avoir déposé plainte en raison de la mort de son frère et aussi parce qu'il a été réquisitionné pour des transports forcés et battu à cette occasion. C'est en 2014 à Zorzor, au nord du pays, qu'il a appris pour la première fois qu'il pourrait porter plainte contre Alieu Kosiah. «Après la guerre, je n'ai jamais cru que je pourrais obtenir justice et n'ai plus pensé à lui.»
L'ancien commandant répond de crimes de guerre commis durant la première guerre civile au Libéria entre 1993 et 1995. Le Ministère public de la Confédération (MPC) lui reproche le meurtre de 18 civils et de 2 soldats désarmés, commis par lui-même ou par ses hommes, le viol d'une jeune femme ainsi que des actes de torture et d'anthropophagie. L'accusé est présumé innocent.