Carnet noir Patrick Buisson, le conseiller de Sarkozy, est mort

ATS

26.12.2023 - 16:09

Conseiller de l'ombre de Nicolas Sarkozy, soutien d'Eric Zemmour à la dernière présidentielle, le chantre de l'union des droites Patrick Buisson est décédé mardi à l'âge de 74 ans.

L'historien et essayiste a notamment été le conseiller de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était à l'Elysée de 2007 à 2012.
L'historien et essayiste a notamment été le conseiller de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était à l'Elysée de 2007 à 2012.
KEYSTONE

La police est intervenue à son domicile des Sables-d'Olonne (Vendée), a-t-elle indiqué à l'AFP, sans plus de précision.

«Patrick Buisson était un homme d'une grande culture, un écrivain de talent et un amoureux fou de la France. Son esprit parfois provocateur et sa plume acérée manqueront au débat politique», a réagi sur X Marine Le Pen. «Il vit, avant beaucoup, les grands dangers qui menacent notre pays», a commenté de son côté le patron des Républicains Eric Ciotti.

L'historien et essayiste a notamment été le conseiller de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était à l'Elysée de 2007 à 2012. Et beaucoup de partisans de l'ex-président ont accusé ce promoteur du rapprochement entre la droite et les thèses du Front national d'avoir une responsabilité majeure dans la défaite de 2012. «Il a contribué à décomplexer une grande partie de l'électorat» de droite, reconnaissait à l'époque Marine Le Pen.

Sept ans plus tard, le politologue a tenté de travailler à une «union nationale» avec le polémiste Eric Zemmour qui s'est lancé par la suite dans la course à l'Elysée. Il disait être à la recherche d'un candidat «qui ne serait pas issu du Rassemblement national, mais passerait un accord de gouvernement avec le RN».

«Hémisphère droit de Sarkozy»

Docteur en Histoire – sa thèse portait sur les relations France-Algérie – M. Buisson a été «l'hémisphère droit de Sarkozy», comme l'avait titré Le Monde.

Discours sur l'identité nationale, sécurité, immigration, suspension de Schengen, référendum pour réformer l'assurance-chômage: autant de trouvailles martelées dans les meetings sarkozystes, attribuées à cette éminence grise.

Dans les adresses du candidat Sarkozy «aux petits, aux sans-grade», beaucoup voyaient aussi une partition signée de cet expert, friand d'enquêtes d'opinion.

Un de ses objectifs était de reconquérir les classes moyennes paupérisées, qui se sont tournées vers le RN. Ce regroupement voulu des droites, M. Buisson l'a illustré par son propre parcours: de l'Action française et de l'hebdomadaire Minute qu'il a dirigé, à l'UMP, en passant par le souverainiste Philippe de Villiers...

«Poison de la droite»

Le conseiller a-t-il été «le poison de la droite» comme l'affirmait le socialiste Julien Dray? Lui regrettait de ne pas être allé jusqu'au bout: «Sarkozy, je ne l'ai pas fini», confiait-il en 2013 à un journaliste.

La justice a mis fin à cette ambition. Patrick Buisson a été condamné en 2014 pour avoir enregistré à l'Élysée des discussions avec Nicolas Sarkozy ou avec son épouse Carla Bruni, sans leur accord.

L'année suivante, il a été mis en examen dans l'affaire des sondages de l'Élysée – 130 factures pour des conseils, dont une quinzaine de sondages, payées par la présidence de la République sans appels d'offres préalables. Il a été condamné en janvier 2022 à deux ans de prison avec sursis et 150'000 euros d'amende pour recel de favoritisme, abus de biens sociaux et détournement de fonds publics.