Déchets dangereuxStocamine fixé sur son sort d'ici fin janvier
ATS
5.1.2021 - 21:44
La ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili a promis mardi de trancher d'ici fin janvier le sort des déchets industriels dangereux enterrés sur le site de Stocamine à Wittelsheim (Alsace). Cette ancienne mine de potasse se trouve à 50 km de Bâle.
«La décision sera prise d'ici la fin du mois. Je crois que cette affaire n'a que trop duré», a dit Barbara Pompili après une visite au fond de la mine. Selon elle, il reste «deux grandes options encore ouvertes» pour les 42'000 tonnes de déchets industriels dangereux non radioactifs stockés par 550 mètres de profondeur: les «confiner» ou en «enlever encore une partie» d'ici à 2025.
Avant même de rencontrer les élus locaux et de présider une réunion publique dans la soirée sur le sujet, Mme Pompili a clairement affiché sa préférence pour la première option. «Quand je sors de cette mine, pour l'instant, je n'ai pas encore vu beaucoup d'arguments qui m'incitent à penser qu'il faudrait déstocker», a-t-elle déclaré.
Elle a affirmé que ses «préoccupations majeures» étaient «la préservation de la nappe phréatique d'Alsace (...) et la sécurité des gens qui travaillent en-dessous».
Polémique incessante
Ouvert en 1999 pour une durée initialement prévue de trente ans, Stocamine devait recueillir 320'000 tonnes de déchets industriels dangereux non radioactifs. Mais un incendie souterrain survenu en 2002 a mis un coup d'arrêt à l'activité du site conçu à l'origine pour permettre un stockage réversible.
Depuis, la polémique est incessante sur le devenir des 42'000 tonnes de déchets toujours enfouis, dont certains renferment du mercure, du chrome, du cadmium, de l'arsenic ou de l'amiante.
La ministre a été accueillie à Wittelsheim par plusieurs dizaines d'opposants à Stocamine rassemblés derrière des banderoles clamant «Pompili, n'enterre pas le problème» ou «Stocamine, une eau riche en cyanure».
«Nous sommes fermes: la seule solution est de tout sortir», a affirmé Yann Flory, porte-parole du collectif Déstocamine. A ses yeux, les propos de la ministre en faveur d'un confinement définitif des déchets, avant même la réunion publique, constituent «un coup de massue».
Tergiversations
Elus locaux et associations de défense de l'environnement réclament depuis des années le déstockage des déchets, mais l'Etat n'a cessé de tergiverser. En 2012, il avait fait le choix de l'enfouissement définitif, tout en ordonnant le retrait des déchets contenant du mercure, mais depuis un déstockage partiel a aussi été étudié.
«Les plus dangereux pour la nappe, contenant du mercure, ont déjà été enlevés à hauteur de 95% entre 2015 et 2017. Il reste quelques produits dangereux mais la plupart des sacs contiennent des produits qui ne sont pas solubles, donc pas dangereux pour la nappe phréatique», a estimé la ministre dans un entretien aux Dernières Nouvelles d'Alsace.
Présent lors de la visite dans la mine, le député LR du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger continue lui de plaider pour le retrait de tous les déchets qui pourront l'être. Selon lui, il n'y a qu'une solution: «on sécurise, on extrait tant qu'on peut extraire et quand on ne peut plus, on ferme», a-t-il déclaré à la presse.