Russie Détention d'une journaliste russo-américaine prolongée

vf

1.4.2024 - 17:32

Un tribunal russe a prolongé lundi la détention de la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva jusqu'au 5 juin. Cette reporter de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), média financé par le Congrès américain, a été arrêtée l'année dernière pour ne pas s'être enregistrée en tant qu'«agent de l'étranger».

Alsu Kurmasheva, rédactrice pour le service Tatar-Bashkir de Radio Free Europe/Radio Liberty, financé par le gouvernement américain, assiste à une audience au tribunal de Kazan, en Russie, le lundi 1er avril 2024. Le tribunal a prolongé lundi la détention provisoire de Mme Kurmasheva, qui est accusée de ne pas s'être enregistrée en tant qu'agent étranger et d'avoir diffusé de «fausses informations» sur l'armée russe.
Alsu Kurmasheva, rédactrice pour le service Tatar-Bashkir de Radio Free Europe/Radio Liberty, financé par le gouvernement américain, assiste à une audience au tribunal de Kazan, en Russie, le lundi 1er avril 2024. Le tribunal a prolongé lundi la détention provisoire de Mme Kurmasheva, qui est accusée de ne pas s'être enregistrée en tant qu'agent étranger et d'avoir diffusé de «fausses informations» sur l'armée russe.
KEYSTONE

Keystone-SDA, vf

Lors de l'audience lundi à Kazan, capitale de la république du Tartastan, Mme Kurmasheva est apparue souriante, mais s'est plainte de ses conditions de détention en raison du mauvais état de sa cellule, selon un journaliste de l'AFP présent à l'audience.

«Cette cellule fait 5 mètres carrés pour deux personnes, il n'y a pas d'eau chaude. Au lieu de toilettes, il y a un trou dans le sol. Il n'y a même pas un demi-mètre de place libre pour passer», a-t-elle dénoncé.

Selon son média, elle est également accusée de diffusion de «fausses informations» sur l'armée russe, passible de 15 ans de prison. «Les accusations portées contre Alsu sont sans fondement. Il ne s'agit pas d'une procédure légale, mais d'un stratagème politique, et Alsu et sa famille paient un prix terrible de manière injustifiée», a dénoncé dans un message le président de RFE/RL, Stephen Capus.

D'après des médias russes, l'accusation de diffusion de «fausses informations» portées contre elle est liée à sa participation à la publication d'un livre de témoignages de Russes opposés à l'offensive en Ukraine.

Visite à sa mère

La journaliste, qui réside d'ordinaire à Prague avec son mari et ses deux filles adolescentes, était allée en Russie pour rendre visite à sa mère malade le 20 mai mais n'avait pas pu repartir, ses passeports américain et russe lui ayant été confisqués.

Des groupes de défense des droits estiment que la détention d'Alsu Kurmasheva constitue une nouvelle étape dans la campagne russe contre les médias indépendants, qui s'est intensifiée depuis l'offensive russe en Ukraine en février 2022.

Washington accuse aussi Moscou de procéder à des arrestations injustifiées de citoyens américains pour pouvoir les échanger contre des Russes détenus en Occident.

Spécialiste de minorités ethniques

Alsu Kurmasheva, qui a rejoint RFE/RL en 1998, travaille pour son service en langues tatare et bachkire, couvrant ces minorités ethniques de Russie peuplant en particulier le Tatarstan et le Bachkortostan, des régions de la Volga et de l'Oural.

Autre journaliste américain détenu en Russie, Evan Gershkovich a été interpellé en mars 2023 en plein reportage et est depuis détenu à Moscou pour des accusations d'espionnage qu'il rejette, tout comme Washington, son journal et ses proches. Sa détention provisoire a été prolongée fin mars jusqu'au 30 juin.