Graffiti De l'art ou pas de l'art: pas encore de verdict pour Harald Nägeli

ATS

4.10.2017 - 15:23

Zurich

Les graffitis de Harald Nägeli, internationalement connu comme le "sprayeur de Zurich", sont-ils de l'art ou des dommages à la propriété? Le tribunal de district de Zurich se penchait sur la question mercredi. Le juge a repoussé son jugement de principe.

Au terme de l'audience et d'une conclusion théâtrale délivrée par l'accusé de 77 ans, le juge a chargé la défense de se mettre en lien avec la partie plaignante, à savoir la voirie de Zurich, afin de négocier. Si la voirie renonçait alors à sa plainte, un jugement deviendrait superflu.

Harald Nägeli est accusé d'avoir sprayé 25 graffitis au centre ville de Zurich entre 2012 et 2013. Le nettoyage de ces dessins a coûté, selon l'acte d'accusation, 9200 francs. Le ministère public a requis une amende de 10'000 francs ainsi qu'une peine pécuniaire de 270 jours-amendes à 700 francs.

"Aucun respect"

Le procureur a cité des e-mails du prévenu, obtenu lors d'une perquisition à son domicile. Le sprayeur écrit notamment à une connaissance: "Je travaille à mon mythe à Zurich", ou encore "Je suis à nouveau en tournée assidue dans les rues, les services de nettoyage aussi".

Pour le procureur, "la question de savoir si les dessins ont une valeur artistique ou pas n'a aucune importance". Le prévenu n'a aucun respect pour la propriété d'autrui et se montre en plus fier de ses images.

Trop chers pour être prescrits

La défense a quant à elle insisté sur les intentions artistiques de Harald Nägeli. Elle a en outre mis en doute les coûts de nettoyage de la voirie.

Des montants de 331,40 francs ou encore de 396,60 francs sont avancés dans l'acte d'accusation. Or, selon une décision du Tribunal fédéral, les dommages de moins de 300 francs sont à considérer comme insignifiants et sont prescrits après trois ans. Trois graffitis ont d'ailleurs été éliminé mercredi de la liste des faits pour cette raison.

"Père du Street Art"

Lors de sa conclusion, Harald Nägeli a crié d'une voix forte en direction du procureur: "J'accuse! Je vous accuse d'éliminer, de détruire, de rendre invisibles et inutilisables et en plus de qualifier de criminelles des oeuvres d'art - peu importe de qui elles soient -, au lieu de les protéger et de les conserver, comme le voudrait la culture".

La curatrice d'une exposition sur Harald Nägeli à Düsseldorf, Susamme Anna, avait fait le déplacement à Zurich pour le procès. Après l'audience, elle a rappelé devant les médias que l'artiste était le père du Street Art et qu'il faisait de l'art dans l'espace public.

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