Copains de pandémieLes Allemands se ruent sur les animaux domestiques
Relax
4.4.2021 - 15:07
Des refuges animaliers croulant sous les demandes d'adoption et des familles parfois peu regardantes sur la provenance des chiots et chatons : les Allemands ont comblé l'isolement imposé par la pandémie en se cherchant des compagnons à quatre pattes.
04.04.2021, 15:07
04.04.2021, 15:25
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Markus Salomon, un biologiste de 53 ans, a craqué pour un jeune bâtard au poil tacheté de noir et brun, qui fait la joie de ses deux filles de 9 et 14 ans. «Il est très dynamique, malicieux, sensible» et apporte une distraction bienvenue pendant les heures d'école à la maison, confie Annelie, l'aînée, alors que les établissements scolaires ont de nouveau été fermés en Allemagne pendant une grande partie de l'hiver.
«Vous ne pouvez pas faire grand-chose, vous ne pouvez pas partir en vacances, vous ne pouvez pas rendre visite à vos amis ou à votre famille. Par contre, vous pouvez vous promener, aller dans les bois, et un chien est parfait pour cela», observe le père de famille.
Les ventes de chiens ont augmenté de 20%
Les Allemands, privés depuis des mois de restaurants, clubs de sport, et jusqu'à récemment de petits commerces, peuvent en revanche se balader à leur guise, sans restriction liée à la pandémie. Le nombre de chiens vendus dans le pays a augmenté de façon «spectaculaire» de 20% en 2020, selon l'association canine Deutsche Hundewesen (VDH).
Avec chats et chiens en tête de liste, ce sont près d'un million d'animaux supplémentaires qui ont fait leur entrée dans les foyers allemands où l'on compte près de 35 millions de bêtes à poil, à plume et autres tortues ou poissons, pour un pays de 83 millions d'habitants, selon les estimations de la Fédération allemande des produits pour animaux de compagnie (IVH).
Soutien émotionnel
L'emballement est planétaire. La pandémie de Covid-19 a fait exploser les demandes d'adoption d'animaux dans de nombreux pays.
À Berlin, le refuge animalier Tierheim dit avoir enregistré un record de 500 demandes en un week-end au printemps dernier, au début de la crise sanitaire. Le secteur de l'alimention et des accessoires animaliers a vu ses recettes grimper de 5 % l'an dernier, pour atteindre 5,5 milliards d'euros
Dans une enquête récente du site allemand pour animaux de compagnie Wamiz.de, 84% des propriétaires de chiens ont déclaré que leurs animaux avaient non seulement fourni une distraction pendant la pandémie, mais aussi un soutien émotionnel indispensable.
Le commerce illégal prospère
«Les animaux de compagnie sont des interlocuteurs pour beaucoup, en particulier pour les personnes vivant seules», analyse Frank Nestmann, psychologue spécialisé dans les relations homme-animal à l'université technologique de Dresde.
Revers de cet engouement : le nombre de chiens vendus illégalement en Allemagne a plus que doublé entre 2019 et 2020, selon l'Association allemande pour la protection des animaux. Ces chiens sont souvent élevés à l'étranger dans de mauvaises conditions, se révélant, une fois vendus en Allemagne, malades ou peu gérables, ce qui conduit à leur abandon.
Sans penser au retour à la normale
«La demande est follement élevée et les organisations de protection des animaux n'ont pratiquement plus d'animaux. Cela signifie que le commerce illégal est florissant», observe Annette Rost, porte-parole du refuge Tierheim.
Elle prend l'exemple de Marti, un Staffordshire terrier d'un an et demi, importé illégalement de Roumanie, puis gardé enfermé dans une cave avant d'être amené au refuge, où il est traité pour plusieurs problèmes de santé et des diffultés d'équilibre.
Les gens sont souvent attirés par des chiots comme Marti en raison des «belles couleurs qui sont si populaires sur Instagram», mais ils peuvent se montrer incapables de s'en occuper lorsqu'ils grandissent, constate Xenia Katzurke, thérapeute comportementale pour chiens au refuge. Beaucoup «se procurent un animal sans penser à ce qui se passera quand la pandémie sera terminée et que leur vie reviendra à la normale», selon Mme Rost.
Cela ne devrait pas être un problème pour Markus Salomon et sa famille, qui se sont déjà habitués à ce qu'Uschi vole de la nourriture dans leurs poubelles, aboie pendant leurs conversations et saute sur la table à l'heure des repas. Et lorsque la vie reviendra à la normale, autorisant de nouveau les voyages, ils se voient déjà emmener la boule de poils partout avec eux.