Incendie meurtrier De la fumée et des cris: l'horreur dans le dortoir d'une école kényane

AFP

7.9.2024

Devlin Nyawira, 11 ans, a pu s'échapper de l'incendie du dortoir de son école dans le centre du Kenya en passant par une fenêtre, après avoir hurlé et tapé sur des boites de métal pour réveiller ses camarades autour de lui.

Après la tragédie survenue vers minuit jeudi, des dizaines d'autres garçons de l'Académie Hillside Endarasha du comté de Nyeri n'ont toujours pas été retrouvésb(archives).
Après la tragédie survenue vers minuit jeudi, des dizaines d'autres garçons de l'Académie Hillside Endarasha du comté de Nyeri n'ont toujours pas été retrouvésb(archives).
KEYSTONE

AFP

Le garçon a raconté à sa mère, Catherine Nyawira, la façon dont il a réussi à s'échapper du dortoir en feu. Mme Nyawira, 34 ans, veut maintenant connaître les causes exactes de cet incendie qui a tué au moins 18 garçons dans l'école de Devlin.

Après la tragédie survenue vers minuit jeudi, des dizaines d'autres garçons de l'Académie Hillside Endarasha du comté de Nyeri n'ont toujours pas été retrouvés.

«Il a dit qu'on leur avait demandé d'aller au lit vers 21H30 et il a été réveillé par l'odeur de la fumée», a raconté samedi à l'AFP la mère de l'enfant, à l'extérieur de l'établissement.

«Ils ont cogné sur des boites de métal et sur les murs métalliques du bâtiment car certains élèves étaient de gros dormeurs. C'était la façon la plus rapide d'alerter les autres du danger», a-t-elle dit en rapportant le récit de son fils.

«Il a vu un embrasement jaune près de la porte et a compris qu'il ne pouvait s'échapper par là. Avec d'autres garçons, ils ont cassé une fenêtre et se sont échappés», a ajouté Mme Nyawira.

Cause de l'incendie inconnue

Devlin et sa mère se tenaient à l'ombre d'un arbre samedi, près d'une tente de la Croix-Rouge installée à l'extérieur de l'école pour accueillir les enfants traumatisés et leurs familles.

«Je l'ai appelé par son prénom et il a répondu. Il était tremblant et portait seulement son short. Je n'ai pas les mots pour expliquer ce que je ressentais alors. D'autres femmes hurlaient et ne pouvaient retrouver leurs enfants», a-t-elle encore raconté.

Mme Nyawira a ajouté qu'elle n'était pas favorablement impressionnée par la façon dont la situation a été gérée par les autorités, ni par leur communication avec les familles.

«Sans parler de ceux qui ont perdu leurs enfants, nous voulons aussi savoir ce qui s'est passé là-dedans», a-t-elle lancé.

Elle a déploré que les familles qui attendaient à la sortie de l'école d'avoir des nouvelles n'ont pas été bien informées. Les seules nouvelles auxquelles Mme Nyawira a pu avoir accès étaient celles qu'elle a trouvé sur des sites d'information sur son téléphone.

«Nous ne savons pas qui est mort», a dit Mme Niyawira, dont le fils «a juste entendu des rumeurs sur lesquels de ses amis pourraient avoir trouvé la mort».

Aide psychologique mise en place

Vinod Kagari, 13 ans, a également survécu à l'incendie en s'échappant par une fenêtre du dortoir avec un ami, portant seulement un short et une veste dans l'air froid de la nuit.

Sous le choc, ses parents Wilson Macharia et Charity Muthoni ont parlé à l'AFP en regardant leur fils recevoir des soins psychologiques sous une tente de la Croix-Rouge.

M. Macharia a qualifié de «très tendu et anxieux», le trajet pour se rendre à l'école après avoir été averti de l'incendie.

«Notre fils a des problèmes respiratoires et le feu et la fumée, ce n'est pas ce que nous voulons entendre. Nous savions que cela allait affecter terriblement sa santé», a-t-il dit avant de préciser que Vinod dormait dans un compartiment au bout du dortoir, qui n'a pas pris feu.

Muchai Kihara, 56 ans, s'est dit chanceux d'avoir retrouvé vivant son fils de 12 ans, Stephen Gachingi, après s'être précipité à l'école à 01H00 du matin vendredi.

«Je ne peux même pas m'imaginer ce qu'il a traversé. Je suis heureux qu'il soit en vie mais il a été blessé derrière la tête et la fumée a affecté ses yeux», a-t-il dit à l'AFP.

Ce père de trois autres enfants a assuré qu'il n'avait pas encore eu le courage de demander à Stephen ce qui s'était passé.

«Je veux juste qu'il soit pris en charge maintenant pour voir si sa vie va redevenir normale», a dit M. Kihara.

© Agence France-Presse