Ouverture du procèsDerrière le couple de retraités, un trafic à 110 millions d'euros
AFP
1.7.2024
Une cache dans leur véhicule aurait permis à un couple de retraités, durant des dizaines de voyages, d'acheminer 15 tonnes de cannabis entre l'Espagne et la France: le procès d'un trafic estimé à 110 millions d'euros s'est ouvert lundi à Bordeaux.
AFP
01.07.2024, 22:56
01.07.2024, 23:05
Megane Bochatay
Seize prévenus, dont trois détenus, comparaissent une semaine devant le tribunal correctionnel pour importation, acquisition, transport, détention, offre ou cession de produits stupéfiants, participation à une association de malfaiteurs, outre des infractions douanières.
Le procès se tient deux ans après le démantèlement, en région lyonnaise, d'un réseau présenté à l'époque par la police comme «d'ampleur nationale», alimentant en drogue plusieurs grandes villes, Bordeaux et Lyon a minima.
En juin 2022, huit hommes de 25 à 35 ans avaient été mis en examen et écroués dans cette enquête menée par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Bordeaux.
Près de 600 kilos de résine de cannabis, 40 kilos d'herbe et 5 kilos de cocaïne, plusieurs armes dont deux fusils d'assaut, 170.000 euros en espèces et différents produits de luxe, dont des montres Rolex, avaient alors été saisis.
Arrestations en deux temps
À l'origine de l'enquête, l'arrestation, à l'été 2020, d'un couple de retraités qui jouait les «mules» en remontant la drogue d'Espagne jusqu'à Bordeaux, à l'aide d'une cache aménagée dans son véhicule, selon la police. Six autres personnes avaient été arrêtées lors de ce premier coup de filet et 450.000 euros en numéraire avaient été découverts.
En mai 2021, une deuxième opération avait conduit à arrêter plusieurs autres suspects en région bordelaise, la police saisissant encore au passage 950 kilos de résine de cannabis et près de 200.000 euros. En remontant le fil, les enquêteurs avaient enfin identifié les têtes de réseau présumées opérant à Lyon - les personnes arrêtées en juin 2022.
Au terme des investigations, ils estiment que le couple de retraités aurait importé «plus de 15 tonnes de cannabis représentant plus de 110.000.000 euros», «en cumulé sur une année», selon une source judiciaire.
D'autres importations de drogue auraient été réalisées du Maroc par l'intermédiaire de poids lourds dont la cargaison était récupérée et distribuée à Bordeaux.
«L'importance du réseau, le nombre de protagonistes et les ramifications mises à jour ont rendu nécessaire un renvoi partiel du dossier», a souligné cette source: le tribunal juge cette semaine le volet bordelais de l'organisation, tandis que l'instruction se poursuit pour «les volets lyonnais et suisse».