Catastrophe ferroviaire en GrèceDes dizaines de milliers de personnes crient à nouveau leur colère
ATS
16.3.2023 - 12:49
Plus de deux semaines après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts, plus de 40'000 Grecs sont à nouveau dans les rues jeudi pour crier leur colère alors que le pays se retrouve en grande partie paralysé par une grève générale.
Keystone-SDA
16.03.2023, 12:49
16.03.2023, 12:59
ATS
Après un grand rassemblement de 40'000 personnes à Athènes le 8 mars, plus de 25'000 personnes, selon la police, se sont retrouvées dans plusieurs manifestations dans le centre de la capitale.
En milieu de journée, des manifestants sont venus gronder leur colère devant le siège de la compagnie des chemins de fer Hellenic Train, a constaté à l'AFP, comme ils l'avaient déjà fait trois jours après la collision entre un train de voyageurs reliant Athènes à Thessalonique (nord) et un convoi de marchandises le 28 février au soir en criant «assassins».
A Thessalonique, la grande ville universitaire du nord dont étaient originaires nombre de victimes, environ 8500 personnes se sont également retrouvées en milieu de journée.
«Nous n'arrêterons pas d'être dans la rue tant que les responsables de cette tragédie ne seront pas punis», assure Zoe Konstantinidou, une étudiante en philosophie. «Ils ne se soucient pas de nos vies», ajoute-t-elle alors que la défiance à l'endroit du gouvernement conservateur ne faiblit pas.
Les manifestants ont répondu à l'appel des organisations syndicales du secteur public mais aussi, pour la première fois, du secteur privé avec un risque de nouvelles violences, après des heurts le 8 mars.
«Il faut que les choses changent dans ce pays», lâche de son côté Stravoula Ghatzieleftheriou, une employée dans le secteur privé à Athènes. «On ne peut pas déplorer tant de morts, l'accident récent, (l'incendie meurtrier en 2018) de Mati, les incendies de forêt» à l'été 2021.
«On espère que les choses vont changer avec les élections» qui doivent se tenir d'ici juillet, ajoute-t-elle.
Après plusieurs manifestations d'ampleur limitée dans les jours qui ont suivi l'accident ferroviaire, quelque 65'000 personnes avaient protesté le 8 mars, certains appelant alors le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis à la démission.
La Grèce était en outre en grande partie paralysée jeudi, en particulier avec les transports. Tous les bateaux reliant le continent aux îles restent à quai pour 24 heures et la plupart des avions sur le tarmac.
Le trafic ferroviaire ne devrait reprendre graduellement qu'à partir du 22 mars, selon le ministre des Transports.
De nombreuses écoles sont également fermées tandis que les étudiants, en première ligne dans cette vague de protestation inédite depuis les années de la crise financière, étaient également nombreux dans les cortèges.
Ras-le-bol
Au delà de la catastrophe ferroviaire qui a bouleversé le pays, les Grecs crient leur ras-le-bol face à la détérioration des services publics dans un pays saigné à blanc par les années de crise et les plans d'austérité imposés par ses créanciers.
Car si l'accident ferroviaire de Tempé, dans le centre du pays, a été imputé à une erreur du chef de gare, il a aussi été provoqué par la vétusté du réseau ferré et les lourds retards pris dans la modernisation, notamment de la signalisation, selon les premiers éléments de l'enquête.
Les Grecs réclament des comptes à leurs dirigeants accusés d'incurie.
Etrillé après la catastrophe, le Premier ministre a tenté de répondre à l'indignation d'une population qui a largement perdu confiance dans les institutions depuis la crise de 2008-2018.
Il a promis «la transparence totale» dans l'enquête en cours et demandé à plusieurs reprises pardon aux familles des victimes.
«Assassins»
Ce mouvement de colère est particulièrement fort chez les jeunes et les étudiants, alors que de nombreuses victimes étaient dans l'enseignement supérieur.
«Les larmes (...) sont devenues de la colère, la nouvelle génération ne vous pardonne pas», lisait-on sur l'une des banderoles dans le centre d'Athènes.
Les manifestants brandissent des pancartes avec les mots «Appelle-moi quand tu arrives», un message d'une mère à son enfant devenu le slogan de cette contestation.
Nombreux sont les jeunes qui estiment avoir été sacrifiés par les mesures d'économie drastiques des années de crise.
Le quotidien libéral Kathimerini dans son dernier éditorial, évoquait cette «génération banqueroute et pandémie».