Migros Des fraudes dans le conflit Migros-Piller

ATS

10.6.2020 - 20:40

Damien Piller est accusé d'avoir facturé à Migros près de 1,7 million de francs via deux de ses sociétés, «sans recevoir de contre-prestation équivalente en échange» (archives).
Damien Piller est accusé d'avoir facturé à Migros près de 1,7 million de francs via deux de ses sociétés, «sans recevoir de contre-prestation équivalente en échange» (archives).
Source: KEYSTONE/ANTHONY ANEX

Quelque 28'000 bulletins favorables à l'administration de Migros Neuchâtel-Fribourg (MNF) ont été falsifiés, annonce le Ministère public neuchâtelois. Ils ont contribué à faire échouer la proposition de révocation de l'administration, présidée par Damien Piller.

Selon un nouveau décompte, portant sur les quelque 50'000 bulletins reçus en novembre dernier , le résultat aurait été inversé si l'on n'avait tenu compte que des bulletins valables, annonce mercredi soir le Ministère public neuchâtelois.

Environ 17'600 bulletins auraient appuyé la révocation des mandats et 4600 s'y seraient opposés. Selon les résultats officiels, la révocation a au final été rejetée par 64,53% des voix.

Saisies et auditions

Les 50'000 bulletins de vote ont été saisis et analysés, d'abord par la police neuchâteloise, puis par l'Ecole des Sciences criminelles de Lausanne. «Les conclusions concordantes des experts confirment les soupçons, en ce sens qu’il existe effectivement deux catégories de bulletins, l'une provenant de l'imprimerie officiellement mandatée par les organisateurs du scrutin, et l'autre de provenance inconnue», écrit le Ministère public.

Avec l'appui des autorités fribourgeoises et vaudoises, la police cantonale neuchâteloise est intervenue mercredi au domicile des personnes qui pourraient être en lien avec cette infraction. Des saisies ont été ordonnées et des auditions ont eu lieu, sur lesquelles le Ministère public ne souhaite pas faire de commentaire à ce stade de la procédure. L'enquête se poursuit.

Dénonciation pénale

Le vote, organisé par correspondance, s'était achevé en novembre dernier. Chaque coopérateur devait décider s'il convenait ou non de révoquer les mandats de l'administration. Sur 120'000 bulletins délivrés, le bureau de dépouillement en avait reçu environ 50'000, soit un taux de 41,72%.

Après avoir appris le résultat de la votation extraordinaire, le comité coopératif de MNF avait introduit une dénonciation pénale pour faux dans les titres et tentative d’escroquerie auprès du Ministère public du canton de Neuchâtel.

Cette démarche faisait suite aux révélations du journal télévisé de la RTS sur la découverte de 400 bulletins de vote, tous en faveur de Damien Piller, dans des boîtes aux lettres sises hors les cantons de Neuchâtel et Fribourg. Selon le comité coopératif, «il existait une forte suspicion de manipulation électorale et c'est pourquoi le résultat de ce scrutin (devait) être examiné».

Deux factures contestées

Pour rappel, la Fédération des coopératives Migros (FCM) et les organes de MNF, excepté l'administration qui fait bloc derrière son président, accusent Damien Piller, avocat actif dans l'immobilier et les médias, d'avoir facturé à Migros près de 1,7 million de francs via deux de ses sociétés, «sans recevoir de contre-prestation équivalente en échange».

Selon Migros, Damien Piller aurait détourné des fonds dans le cadre de nouveaux magasins bâtis en 2013 et 2014 à Belfaux et La Roche (FR). Différents rapports arrivent à cette conclusion, selon la coopérative régionale.

En réponse, le Fribourgeois a ouvert les comptes des deux sociétés en question à un expert-comptable et à un architecte. Les résultats de ces audits ont indiqué que les deux montants de 864'000 francs, toutes taxes comprises, correspondent à des prestations fournies, d'après l'homme d'affaires.

Le comité coopératif, la direction et la commission du personnel de MNF exigeaient la révocation de toute l'administration de la coopérative.

Directeur suspendu

Dans la foulée du vote, l'administration avait décidé de suspendre Jean-Marc Bovay de son poste de directeur de la coopérative MNF, invoquant «une simple mesure prise pour revenir à la discussion». La suspension avait été jugée «illégitime» par la FCM.

Début décembre, on apprenait finalement que le dialogue avait repris entre l'administration et la direction de la coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg et que «le règlement des différends existants est laissé à la compétence des autorités saisies». Jean-Marc Bovay a pu poursuivre ses fonctions de directeur de la coopérative.

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