Pérou Des militaires à la retraite condamnés pour l'assassinat de paysans

ATS

12.8.2023 - 21:50

La justice péruvienne a condamné dix-huit militaires à la retraite à des peines allant de huit à quinze ans de prison pour le massacre en 1988 de 39 paysans dans la région d'Ayacucho (sud). Cette attaque avait eu lieu dans le cadre de la lutte contre la guérilla maoïste du Sentier lumineux.

Des habitants de la ville de Cayara posent pour une photo en juin 1988.
Des habitants de la ville de Cayara posent pour une photo en juin 1988.
KEYSTONE

Keystone-SDA

«Le tribunal (...) a condamné les accusés à des peines de huit à quinze ans de prison pour crimes d'homicides aggravés» dans l'affaire de Cayara, a annoncé vendredi soir le ministère de la Justice sur le réseau X (anciennement Twitter).

L'affaire remonte au 14 mai 1988, quand deux patrouilles de l'armée sont entrées dans un village du district de Cayara, où elles ont torturé puis exécuté des paysans afin d'obtenir des informations, après la mort la veille de quatre soldats dans une attaque du Sentier lumineux.

Les deux lieutenants qui commandaient ces patrouilles ont été condamnés aux peines les plus lourdes, quinze ans de réclusion. Seize soldats ont écopé de huit ans.

Quête de justice

Les audiences, qui se sont tenues de façon virtuelle et sans public, mettent un terme à une quête de justice entamée il y a 35 ans par les familles des victimes.

Lors des audiences, les militaires ont nié en bloc, affirmant que les paysans étaient déjà morts quand ils sont arrivés dans le village, imputant le massacre à la guérilla. Les juges ont rejeté cette version, en se basant sur les témoignages de survivants.

Selon le rapport final de la Commission vérité et réconciliation, datant de 2003, quelque 69'000 personnes, la plupart des paysans pauvres des régions andines, sont mortes dans le conflit armé au Pérou entre 1980 et 2000.

La commission a désigné le Sentier lumineux comme principal responsable des violations des droits humains, mais a également accusé les forces de l'ordre d'avoir commis des crimes contre l'Humanité.