Une importante intervention de la police a secoué le paisible village de Jouxtens-Mézery le 13 mars dernier. À l'origine, une tentative d'expulsion musclée orchestrée par une famille russe fortunée contre des squatters occupant leur propriété secondaire.
C'est une affaire rocambolesque révélée par «24 Heures». Le 13 mars dernier, une intervention policière a eu lieu dans une luxueuse villa de Jouxtens-Mézery (VD), appartenant à la veuve et au fils d'un homme d'affaires russe décédé.
La demeure, mise en vente, est située sur un terrain de 10'000 mètres carrés. Elle comprend 20 pièces, dont onze chambres, réparties sur une surface habitable de 1500 mètres carrés. Sa valeur est estimée à plusieurs dizaines de millions de francs.
Or, la villa était occupée par des squatteurs. La riche famille russe a mandaté une quarantaine d'agents de sécurité privés, qui ont débarqué dans leur propriété secondaire.
Objectif: faire pression sur les squatteurs pour qu'ils quittent les lieux. Selon les informations du quotidien vaudois, les squatteurs, au nombre de huit et de nationalités française, espagnole et italienne, occupaient la bâtisse délabrée située en face de la gare depuis un certain temps, et affirmaient avoir eu l'accord des propriétaires pour rester.
L'intervention des agents de sécurité aurait dégénéré en violences. Les squatteurs accusent d'avoir été brutalisés et même attachés. Face à cette situation, ils ont alerté la police. Une quarantaine d'agents de police sont alors intervenus sur place, interpellant tous les protagonistes sans heurts.
Les agents de sécurité font l'objet d'une dénonciation au Ministère public pour infraction à la loi fédérale sur les armes en raison de la présence de sprays au poivre, tandis que le propriétaire a porté plainte contre les squatteurs pour violation de domicile et dommage à la propriété.
Un père au passé trouble, un fils qui marche dans ses pas
La famille russe en question est loin d'être inconnue. Le père, Dmitry Skigin, décédé en 2003, était un homme d'affaires controversé. De nombreux articles de presse pointent vers ses liens avec le crime organisé en Russie, notamment avec le milieu qui gangrenait le port pétrolier de Saint-Pétersbourg après la chute de l'URSS. Dmitry Skigin était associé à des figures du crime organisé russe, notamment Ilia Traber du gang Tambov. Son nom est également associé à Vladimir Poutine, à l'époque maire de Saint-Pétersbourg, avec qui il aurait conclu des accords financiers.
Le fils aîné de Dmitry Skigin, Mikhaïl, semble marcher dans les pas de son père. Reprenant les rênes de l'entreprise familiale liée au terminal pétrolier de Saint-Pétersbourg, il se retrouve aujourd'hui sanctionné par la communauté internationale en raison de ses liens avec la Russie et la guerre en Ukraine.