Passible de prison«Les plus belles filles de la roue du diable» : l'Oktoberfest face au fléau de l'upskirting
Lea Oetiker
27.9.2024
L'Oktoberfest, célèbre pour sa bière, est aussi tristement connu pour les agressions sexuelles dont les femmes sont victimes. L'upskirting, pratique consistant à filmer sous les jupes, est un fléau récurrent, particulièrement sur l'attraction de la roue du diable.
27.09.2024, 22:11
27.09.2024, 22:42
Lea Oetiker
Des vidéos de femmes filmées sous leurs tenues traditionnelles lors de l’Oktoberfest de Munich circulent fréquemment sur les réseaux sociaux, comme le rapporte le «Süddeutsche Zeitung».
Le phénomène se concentre particulièrement autour de la «roue du diable», une attraction bien connue de la Wiesn. La «roue du diable» est un grand disque qui tourne de plus en plus vite, obligeant les participants à tenter de rester assis sans glisser.
Pendant que le disque tourne, le vent soulève les dirndls (robe typique basée sur le vêtement traditionnel des paysannes des Alpes) des participantes, et certains visiteurs en profitent pour filmer.
L'upskirting, qui consiste à capturer des images sous les jupes, est une forme de voyeurisme à connotation érotique ou pornographique.
Sur YouTube, des vidéos sont publiées sous des titres racoleurs tels que «Blondes à couper le souffle sur la roue du diable» ou «Les plus belles filles de la roue du diable».
Certaines vidéos incluent des ralentis ou des zooms explicites, mettant en avant les sous-vêtements ou les fesses des femmes filmées.
Une victime d'upskirting reconnue dans la rue
Certaines de ces vidéos ont accumulé des millions de vues, accompagnées de commentaires offensants.
Une femme de 33 ans raconte être reconnue dans la rue à cause d'une vidéo où elle est victime d'upskirting.
«C'est extrêmement gênant pour moi. Les vidéos ont été modifiées pour accentuer précisément les moments où l’on peut voir sous les jupes. Dans certains cas, ils ajoutent même des zooms ou ralentissent la séquence pour rendre la scène encore plus intrusive», confie la femme à un quotidien allemand.
Une Australienne a surpris un homme en train de placer son téléphone sous sa jupe lors d’une fête. La femme de 51 ans s'est alors adressée à l'homme et a saisi son téléphone. En le consultant, elle a découvert d'autres vidéos similaires, filmées sous les jupes d'autres femmes.
Elle a alerté la police, qui a arrêté l'homme pour atteinte à la vie privée.
Un délit difficile à prouver
L'upskirting est qualifié de délit sexuel en Allemagne depuis 2021, passible d'une amende ou de deux ans de prison.
Or, selon la police de Munich, il est difficile de prouver que les vidéos filmées sur la roue du diable ciblent spécifiquement les parties intimes des victimes.
Si des panneaux d'avertissement sont présents, l'exploitante d'une attraction confie que l'interdiction est difficile à faire respecter. Lorsqu'une personne attire l'attention parmi les spectateurs, son équipe intervient et, si nécessaire, alerte la police.
Une seule personne arrêtée en 2024
Cette année, une seule personne a été arrêtée pour avoir photographié sous la jupe d’une femme de 32 ans dans une tente de fête.
L’Oktoberfest est régulièrement le théâtre d’agressions sexuelles, comme ce fut le cas récemment avec une jeune femme de 22 ans violée par un agent de sécurité.
Selon la police, la jeune femme aurait chuté à plusieurs reprises lors d'une fête foraine. L'homme 34 ans s'est empressé de prétendre lui porter secours, mais en a profité pour glisser ses mains sous son dirndl et commettre des actes sexuels sur elle.
Après l'agression, la femme et son amie se sont rendues à la police pour porter plainte, et l'agresseur a été arrêté.