Terrorisme Deux ex-islamistes radicalisés devant le Tribunal pénal fédéral

duge, ats

16.6.2021 - 15:23

duge, ats

Deux Genevois comparaissent depuis mercredi matin devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone. Ils sont accusés d’avoir violé l’article 2 de la loi fédérale qui interdit les groupes Al Qaïda, Etat islamique et autres organisations associées. Les deux prévenus, en liberté conditionnelle, se distancient aujourd’hui totalement de l’islam radical.

Les deux Genevois comparaissent depuis mercredi matin devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone.
Les deux Genevois comparaissent depuis mercredi matin devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone.
KEYSTONE

Tous deux présents à l’audience, A.M., initié à l’islam radical lorsqu’il avait 18 ans, et H.G, son ancien mentor, ont tous deux pris leurs distances de l’idéologie de l’Etat islamique (EI) lors de leur interrogatoire par la présidente du Tribunal pénal fédéral, mercredi matin à Bellinzone.

De l'extrême-droite à l'islam radical

Genevois de souche, A.M qui fêtera ses 26 ans le 25 septembre, avait été arrêté le 8 juin 2016 à l’aéroport de Zurich à son retour de Turquie, où il était resté plusieurs mois dans un camp d’entraînement et d’où il avait tenté de rejoindre les troupes de l’EI en Syrie.

Le jeune homme, d’abord adepte des milieux d’extrême-droite, s’était radicalisé au contact de son ami et co-prévenu H.G et d’autres personnes qui fréquentaient la mosquée du Petit-Saconnex à Genève.

Pressé de questions par la Cour et le procureur fédéral, A.M qui a bénéficié de la liberté conditionnelle après six mois de préventive, termine actuellement un apprentissage et vit en couple. Il a expliqué à la présidente de la cour qu’il s’était rapproché des mouvances d’extrême-droite d’abord puis islamistes en raison de sa «volonté guerrière et d’un manque d’amour familial».

Le Genevois, qui suit aujourd’hui un traitement psychologique a totalement pris ses distances de l’islam radical: «C’est désormais de l’histoire ancienne, je ne referais plus ce que j’ai fait, a-t-il assuré à la Cour.

Prise de conscience progressive

Même son de cloche pour son aîné et mentor H.G, 35 ans le 25 août prochain. Ce Genevois d’origine tunisienne, fils unique, a lui aussi définitivement tourné la page. Il a expliqué en détail à la cour son parcours, d’abord dans les milieux de l’extrême-droite genevoise où il avait connu le jeune A.M en 2013 avant de se tourner vers la mouvance islamiste qui gravitait autour de la mosquée du Petit-Saconnex.

H.G a raconté qu’en raison de son origine étrangère, il se sentait peu à son aise dans les rangs de l’extrême-droite ce qui l’a poussé, a-t-il dit, à trouver «le pendant arabe» de ce genre de mouvement et à adhérer aux idéaux de l’EI aux environs de 2013-2014 après s’être documenté sur les réseaux sociaux et avoir visionné des vidéos de propagande d’Al Qaïda et de l’EI notamment.

«Dès lors», a-t-il admis, «j’étais prêt à partir combattre au nom de l’Islam et il s’agissait pour moi d’aider des personnes persécutées, de bâtir de nouvelles terres et de pourfendre des oppresseurs.»

«Dérive sectaire»

Aujourd’hui H.G, devenu brocanteur à Genève, se dit «dégoûté par l’Etat islamique: j’ai progressivement ouvert les yeux sur les horreurs commises par ces combattants, grâce à des témoignages entendus lorsque j’étais en prison en Turquie».

H.G, qui avait gagné ce pays fin 2014 pour rejoindre la zone de combat syro-irakienne, y avait ensuite été arrêté et placé dans un centre de détention en attente d’être expulsé. Il a été arrêté à son retour en Suisse le 9 août 2016 et remis en liberté conditionnelle le 8 mai 2017. Il se dit maintenant musulman peu pratiquant, non violent et taxe la mouvance islamiste de «dérive sectaire».

Le Ministère public de la Confédération (MPC) reproche à H.G d’avoir, de fin 2014 à août 2016, quitté la Suisse pour rejoindre l’EI en zone syro-irakienne, partagé avec A.M du matériel de propagande et d'avoir soutenu logistiquement ce dernier pour l’intégrer à l’organisation.

H.G est en outre accusé d’avoir aidé d’autres sympathisants de l’islam radical à intégrer les organisations de combattants et de les avoir financées. A.M est accusé, entre fin 2014 et juin 2016, d’avoir quitté la Suisse dans le but de rejoindre l’EI dans la zone de conflit entre la Syrie et l’Irak et d’avoir financé cette organisation.