«Chaque voiture peut être sauvée» Une deuxième vie pour les voitures de collection

dpa

21.4.2019

Remettre une voiture de collection cabossée dans son état d’origine? Pour les constructeurs automobiles, pas de problème. A condition toutefois que les propriétaires de voitures anciennes y consacrent suffisamment de temps et d’argent.

Cette voiture était autrefois une Porsche 356 A Cabriolet – et elle devrait en redevenir une. Aujourd’hui, toutefois, cette voiture construite en 1959 est complètement démontée et sa carrosserie nue a récemment été aperçue au salon de la voiture de collection Techno-Classica à Essen. Elle est ensuite retournée dans l’atelier du constructeur stuttgartois de voitures de sport, là où elle est depuis si longtemps bichonnée à coups de vis, de soudures et de peinture pour remonter de 60 ans et retrouver son état d’origine.

La restauration en atelier est le nom du concept que de nombreux constructeurs automobiles proposent pour s’assurer une bonne part du marché des voitures de collection. Dans une étude réalisée en 2018, le cabinet de conseil BBE Automotive avait chiffré à environ 10 milliards d’euros (environ 11,4 milliards de francs) le volume du marché allemand des voitures de collection de 30 ans et plus et des youngtimers de 20 ans et plus réservés aux loisirs. Cette somme comprend la vente de voitures de collection, mais aussi le commerce couvert par exemple par les pièces détachées et les modernisations.

Toujours plus cher

Les restaurations de 300 SL sont particulièrement demandées à l’atelier Mercedes.
Les restaurations de 300 SL sont particulièrement demandées à l’atelier Mercedes.
Keystone/dpa/Marcel Kusch

La restauration en atelier est un service coûteux réservé aux clients aisés: en effet, l’investissement qu’il faut y consacrer ne connaît pratiquement aucune limite. «Chaque voiture peut bel et bien être sauvée», souligne Ulrike Lutz, directrice de Porsche Classic, à l’ouverture du salon d’Essen.

Outre beaucoup d’argent, remettre sa voiture ancienne dans son état d’origine demande aussi pas mal de temps. «Cela dépend toujours du type de véhicule. Approximativement, une restauration complète prend entre un an et demi et deux ans et demi», indique Klaus Reichert, directeur du Mercedes-Benz Classic Center. C’est le temps qu’il faut aux 24 employés de l’atelier Mercedes pour restaurer entièrement une voiture à son état initial. En moyenne, quatre véhicules sont achevés chaque année dans l’atelier Mercedes, principalement des modèles du légendaire 300 SL «papillon».

1000 heures de travail pour une carrosserie

La reconversion de ces squelettes de voitures en Porsche, peut nécessiter jusqu’à 1000 heures de travail.
La reconversion de ces squelettes de voitures en Porsche, peut nécessiter jusqu’à 1000 heures de travail.
Keystone/dpa/Marcel Kusch

Le coût d’une rénovation complète est en grande partie tenu secret par les constructeurs. Chez Porsche, où une rénovation complète peut même durer quatre ans, quelques points de repère sont tout de même délivrés. «Pour une restauration complète de Porsche 356, le carrossier peut effectuer à lui seul 1000 heures de travail», rapporte Uwe Makrutzki, directeur de la division de restauration en atelier du constructeur de voitures de sport. Ainsi, une somme à six chiffres peut être engagée uniquement pour travailler sur le squelette de la voiture. L’atelier Porsche compte une centaine de véhicules qui font l’objet d’une restauration complète ou partielle ou d’une remise en état suite à un accident.

Il reste à savoir si les investissements des passionnés d’automobile dans ces restaurations en atelier finissent également par rapporter sur le plan financier. L’engouement mondial autour des voitures de collection observé de 2014 à 2016 est terminé, a affirmé Eduard Franssen, directeur du salon Techno-Classica. La tendance des prix est revenue à la normale, a-t-il précisé. Pour la plupart des propriétaires de voitures anciennes, les véhicules historiques sont de toute façon des objets de collection et non des investissements, indique-t-il.

Des souvenirs inestimables

Des voitures restaurées.
Des voitures restaurées.
Keystone/dpa/Marcel Kusch

Pour les constructeurs automobiles, les restaurations en atelier ont également un effet non quantifiable sur le plan financier. «Bien entendu, nous devons également réaliser des marges. Nous sommes avant tout les gardiens de la tradition et de l’authenticité de Porsche», a déclaré Uwe Makrutzki, le responsable de l’atelier, qui soutient que la valorisation de la marque figure au premier plan pour le département des voitures anciennes. A cela s’ajoute le fait que les pièces détachées, souvent fabriquées sur mesure, peuvent être testées en atelier sur les Porsche anciennes avant leur mise en vente.

Les voitures de sport ne sont toutefois pas les seules à faire l’objet de reconversions en véhicules quasi neufs par les constructeurs contre de grosses sommes d’argent. Volkswagen a amené à Essen un bus de 1982 entièrement rénové sur commande, appartenant à une famille depuis trois générations. Le prix d’achat du Bulli T3 était à l’époque de 26 882 marks allemands, soit environ 24 000 francs. Comme les autres constructeurs, la division des véhicules utilitaires de VW ne donne aucune information sur le coût d’une restauration. Tout ce que l’on peut savoir, c’est que «ce n’est pas encore rentable», comme le souligne Christian Schlüter, porte-parole de la firme, qui précise toutefois que dans ce cas, ce sont «des souvenirs inestimables» qui passent au premier plan.

Une Ferrari parmi les voitures électriques?

Un parc de véhicules transformé en cimetière automobile sauvage

Retour à la page d'accueil