Efforts de diversité Quand les entreprises sont prêtes à tout

Relax

20.5.2022 - 19:53

Le New York Times a révélé le témoignage d'un ancien employé de la banque américaine Wells Fargo dénonçant la pratique de faux entretiens. Certains managers recevaient des «candidats diversifiés» pour des postes déjà promis. Une manière de faire croire aux efforts de diversité au sein de l'entreprise. 

Face à l'émergence de ces nouvelles politiques de diversité, la banque Wells Fargo a été épinglée pour des faux entretiens d'embauches par le New York Times.
Face à l'émergence de ces nouvelles politiques de diversité, la banque Wells Fargo a été épinglée pour des faux entretiens d'embauches par le New York Times.
Joao Vincient Lewis / Unsplash

ETX Studio

La diversité et l'inclusivité sont des thématiques prédominantes aujourd'hui dans le monde du travail, particulièrement aux Etats-Unis. De plus en plus d'entreprises mettent en place des politiques pour diversifier leurs employés. Ou du moins en apparence, pour certaines.

Le New York Times vient de révéler que la banque Wells Fargo a fait passer des entretiens d'embauche à des «candidats diversifiés», comprendre des femmes et des Afro-américains, alors que les postes étaient déjà promis à d'autres. 

Selon Joe Bruno, un ancien cadre de la  division gestion de patrimoine chez Wells Fargo interrogé par le média américain, ainsi que six autres employés, les «faux entretiens étaient menés pour de nombreux types de postes». Ces entretiens d'embauche semblaient être une manière pour la banque de faire croire à des efforts plutôt que d'"embaucher davantage de femmes ou personnes de couleur». 

Joe Bruno affirme dans les colonnes du New York Times avoir été licencié en août 2021 pour avoir dénoncé ces pratiques à la hiérarchie. 

«Diversity washing" 

Depuis la mort de Georges Floyd, suite à son arrestation par plusieurs policiers, et l'embrasement du mouvement Black Lives Matter, les entreprises, dont Wells Fargo, ont annoncé prendre des mesures sur la diversité dans leurs rangs. Campagnes de recrutements, nomination de chargés de la diversité, audits internes… Face à l'émergence de ces nouvelles politiques, comment savoir si ces annonces sont sincères ou si elles relèvent du «diversity washing»? Depuis 2020, la politique officielle de Wells Fargo exige, par exemple, que des candidats dits «diversifiés» soient reçus en entretien pour les postes dont le salaire est supérieur à 100.000 dollars par an.

Des chercheurs de l'Université de Massachusetts Amherst ont par exemple analysé différents classements des meilleures entreprises pour la diversité, dont l'un des plus connus est celui de Forbes. En comparant la liste de Forbes avec un classement de Fortune portant également sur le sujet de la diversité, ils se sont aperçus que seules cinq entreprises figuraient dans le top 50 des deux listes. «Le fait qu'il y ait si peu de chevauchement suggère que ces mesures de la diversité et de l'inclusion sont loin d'être objectives et que ces classements sont principalement conçus comme des efforts de relations publiques», en concluent-ils.

La politique de recrutement de Wells Fargo fait-elle partie intégrante d'une «diversity washing»? La banque se défend auprès du New York Times en disant qu'elle était au courant de ces directives de recrutement «informelles» qui «dataient d'une époque antérieure».