Procès en diffamationJean Carroll: «Trump m'a agressée et a détruit ma réputation»
ATS
17.1.2024 - 23:11
«Agresseur» sexuel, «menteur» et «diffamateur»: dans une ambiance électrique, Donald Trump a été la cible mercredi à son procès en diffamation à New York de son accusatrice, l'autrice Jean Carroll, qui l'avait déjà fait condamner en 2023 à des dédommagements pour agression sexuelle.
17.01.2024, 23:11
18.01.2024, 06:58
ATS
L'ancien président des Etats-Unis, qui rêve de le redevenir, fait cette semaine la navette entre sa campagne des premières primaires républicaines et le palais de justice de Manhattan avec l'ambition d'en faire aussi une tribune politique.
Rentré mardi soir chez lui à New York d'un meeting bondé dans le petit Etat glacial et enneigé du New Hampshire, où les primaires auront lieu le 23 janvier, le magnat de 77 ans a quitté sa «Trump Tower» et a passé son mercredi au tribunal fédéral civil de Manhattan face à l'ancienne chroniqueuse du magazine américain Elle, E. Jean Carroll, 80 ans.
«Je suis ici parce que Donald Trump m'a agressée (sexuellement), que quand j'ai écrit à ce sujet il a menti et qu'il a détruit ma réputation», a-t-elle soufflé devant les neuf jurés, selon les télévisions CNN et NBC qui ont accès à la salle d'audience.
Echanges tendus
Dans une atmosphère tendue et alors que M. Trump s'était tu mardi, il a commenté bruyamment avec ses avocats le témoignage de la plaignante. Le juge lui a alors demandé de baisser d'un ton, car si l'ancien président «a le droit d'être présent (...) ce droit peut lui être retiré».
«J'imagine que vous aimeriez que je fasse ça», a interrogé le magistrat Lewis Kaplan. «J'adorerai ça», a rétorqué Donald Trump avec sarcasme.
Mme Carroll fait face pour le deuxième jour à celui qu'elle accuse depuis des années de l'avoir violée il y a près de 30 ans. Elle l'avait finalement fait déclarer responsable au civil, lors d'un premier procès en mai dernier à New York, d'"agression sexuelle» en 1996 dans une cabine d'essayage d'un grand magasin de la ville et de diffamation pour des propos en 2022.
Donald Trump a ainsi été condamné par le jury à lui verser cinq millions de dollars de dédommagements. Il a fait appel et n'a jamais été poursuivi au pénal dans ce dossier.
«Tarée» et «bidon»
Malgré cette décision de justice, il n'a cessé de dénigrer et d'insulter sa victime, une femme «tarée» à l'"histoire bidon» et qu'il dit n'avoir «jamais vue de (sa) vie».
«C'est un mensonge», s'est-elle insurgée mercredi en implorant le jury de lui «rendre (sa) réputation» et en réclamant dix millions de dollars pour préjudice moral et professionnel.
Le magnat et grand favori des primaires du Parti républicain qui a remporté facilement lundi le caucus de l'Etat de l'Iowa, dans le Midwest, est visé par au moins six procès civils et pénaux cette année.
Mais l'homme d'affaires new- yorkais transforme chacune de ses inculpations ou comparutions en tribune politique. Il multiplie les invectives virulentes contre la justice et le camp démocrate du président Joe Biden qu'il accuse de vouloir le faire condamner pour l'empêcher de gagner la présidentielle de novembre.
«Chasse aux sorcières»
Il a répété mardi que son successeur à la Maison Blanche, et de nouveau probable adversaire, orchestrait «une chasse aux sorcières». Donald Trump doit retourner faire campagne en soirée dans le New Hampshire afin d'"empocher des votes» lors du scrutin du 23 janvier.
Ce second procès en diffamation doit durer plusieurs jours mais est limité sur le fond et dans le temps grâce au premier jugement au civil de mai dernier.
Les débats tournent autour d'une autre plainte en diffamation de Mme Carroll pour des déclarations antérieures de Donald Trump, en juin 2019, dans la foulée de ses premières accusations de viol contenues dans son livre.
Alors président des Etats-Unis (2017-2021), il avait affirmé que celle qui n'était «pas son genre» avait tout inventé pour «vendre un nouveau livre». La procédure avait connu des retards mais ce deuxième procès a été maintenu et se penchera aussi sur des propos qu'a tenus Donald Trump depuis le printemps 2023.
Et ces nouveaux déboires en justice soulèvent plus généralement la question du comportement de Donald Trump à l'égard des femmes, après maintes accusations d'agressions sexuelles jamais jugées au pénal.