L'ex-chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy a été doublement inculpé vendredi dans le cadre d'une enquête sur des manoeuvres frauduleuses visant à le disculper de soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle 2007, a appris l'AFP de source judiciaire.
D'après cette source, l'ancien dirigeant (2007-2012) a été mis en examen (inculpé) pour recel de subornation de témoin, concernant la rétractation de l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine de ses accusations contre lui fin 2020, et participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l'infraction d'escroquerie au jugement en bande organisée.
Cette décision ouvre la voie à un possible nouveau procès pour la figure de proue de la droite française.
Elle a été prise au terme d'une trentaine d'heures d'interrogatoire au total sur trois jours et demi, mené par deux magistrats financiers chargés de cette information judiciaire ouverte en mai 2021 sur cette opération, appelée «Sauver Sarkozy» par l'un des mis en cause.
Assez d'indices graves ou concordants
Par cette mise en examen, les juges signifient qu'ils estiment disposer de suffisamment d'indices graves ou concordants quant à sa participation aux manoeuvres élaborées par au moins neuf autres protagonistes impliqués à des degrés et moments divers, possiblement en leur donnant son aval.
La première étape de l'opération aurait consisté à obtenir la rétractation des accusations contre Nicolas Sarkozy du sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine, fin 2020 en échange d'une possible rémunération.
Puis, au premier semestre 2021, certains des mis en cause auraient tenté d'obtenir une preuve que le retentissant document libyen publié dans l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par le site français d'investigation Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d'euros était un faux.