«La reine colonisatrice» Sur les réseaux sociaux, certains célèbrent le décès d'Elizabeth II

ATS

9.9.2022 - 22:54

Alors que les hommages affluent après le décès jeudi de la reine Elizabeth II, certains internautes expriment des voix discordantes, allant parfois jusqu'à célébrer le décès de la souveraine qu'ils présentent comme un symbole du passé colonisateur de la Grande-Bretagne.

La reine Elizabeth II à Manchester, au Royaume-Uni, le 8 juillet 2021.
La reine Elizabeth II à Manchester, au Royaume-Uni, le 8 juillet 2021.

«Lizzy est dans une boîte», clament des supporters dans un stade de Dublin (Irlande) dans une vidéo devenue virale en l'espace de quelques heures sur YouTube et Twitter.

Sur Snapchat, certains de leurs compatriotes s'affichent dansant en boîte de nuit en tenant des messages affichant «Lizzie est décédée», ou encore tout sourire et pouces en l'air devant l'annonce du décès de la souveraine britannique annoncé à la télévision.

Une autre séquence montrent trois danseurs irlandais devant Buckingham Palace au son d'"Another one bites the dust» (que l'on peut traduire par «Encore une qui mord la poussière") du groupe Queen. La séquence a pourtant été filmée en janvier 2022 mais elle a réémergé sur Twitter jeudi, où elle a été «aimée» par plus de 530'000 personnes en moins de 24h.

«La reine colonisatrice»

Derrière les hashtags #IrishTwitter, #BlackTwitter et #IndianTwitter, on trouvait depuis jeudi diverses vidéos, photos et messages en anglais, mais aussi en espagnol ou en français, souvent ouvertement moqueurs et parfois très politiques, qui rappellent qu'Elizabeth II, au cours de ses 70 ans de règne, a aussi été la souveraine d'un pays qui en a colonisé d'autres.

«La reine colonisatrice est décédée aujourd'hui», clame un internaute en anglais dans une vidéo virale sur TikTok. «Elle a commis trop d'exactions», renchérit un autre dans un message en français «aimé» à 25'000 reprises, invitant ses abonnés à se renseigner sur «la révolte des Mau Mau», menée dans les années 1950 contre les forces coloniales britanniques au Kenya, et au cours de laquelle au moins 10'000 personnes, selon les estimations les plus basses, avaient trouvé la mort.

«Aujourd'hui, nous pleurons toutes les vies volées, violées et traumatisées, affectées et détruites au cours du règne d'Elizabeth II», lance aussi un message relayé en anglais sur Facebook dans plusieurs groupes dédiés à la communauté aborigène d'Australie.

«Rappel d'une période tragique»

Uju Anya, professeure dans une prestigieuse université américaine et née au Nigeria, ex-colonie britannique, a violemment critiqué Elizabeth II dans des tweets, s'attirant de nombreuses critiques.

«Si quelqu'un s'attend à ce que j'exprime autre chose que du dédain pour la souveraine qui a supervisé un gouvernement ayant favorisé un génocide qui a massacré et déplacé la moitié de ma famille (...), ils peuvent toujours rêver», a-t-elle affirmé, allusion à la guerre civile de 1967 (ou «guerre du Biafra"), où au moins un million de personnes sont mortes (de famine essentiellement) après une tentative de sécession régionale. Le Royaume-Uni fut accusé d'avoir contribué à la crise en soutenant le gouvernement central.

Le parti sud-africain de gauche radicale Economic Freedom Fighters (EFF) a publié un communiqué largement retweeté proclamant: «Nous ne pleurons pas le décès d'Elizabeth, car pour nous, sa mort est un rappel d'une période tragique pour le pays et l'histoire de l'Afrique».

A la naissance d'Elizabeth en 1926, l'Empire britannique s'étendait sur six continents. Au cours de son règne, qui a commencé en 1952, la plupart des pays parmi les 56 qui composent le Commonwealth, ont obtenu leur indépendance, dont beaucoup de nations du continent africain comme le Ghana, le Kenya ou la Gambie.